La FNARS publie ce jour le bilan hivernal du baromètre 115, analysant les données des différents 115 sur 37 départements et Paris. Sur les 37 départements étudiés, 61% des demandes sont restées sans solution entre le 1er novembre et le 31 mars 2014 (pour 59 % l’hiver dernier), soit une légère aggravation de la situation, dans un contexte de progression de 10 % des demandes sur un an. Sur Paris la situation est relativement plus favorable, avec 45 % des demandes non satisfaites. Les résultats de cette synthèse montrent à nouveau le déficit structurel de solutions d’hébergement et de logement des personnes en grande précarité et le maintien d’une gestion saisonnière de la grande exclusion qui ne propose pas d’insertion durable dans le logement.
Une atteinte aux principes d’immédiateté, d’inconditionnalité et de continuité de l’accueil des sans-abri pourtant inscrits dans la loi
Le manque de places d’hébergement entraîne des dérives telles que la sélection de personnes qui sollicitent le dispositif. En effet, les résultats de la synthèse hivernale montrent que 44% des 52 000 personnes sans abri qui ont appelé le numéro d’urgence se sont vu systématiquement opposer un refus. Les familles et les ressortissants des pays hors Union européenne sont les plus touchés par ces non réponses. Pour ceux qui ont obtenu une place d’hébergement d’urgence, celle-ci ne leur a été proposée que pour quelques jours seulement. Ainsi 17 500 personnes, dans les 37 départements hors Paris, ont été remises à la rue après avoir été hébergées pendant quelques jours. Ces allers retours entre la rue et les structures les obligent à rappeler sans cesse le 115 : chaque personne fait en moyenne 7 demandes au 115 et 58 % des personnes qui appellent sont déjà connues des intervenants sociaux. Les orientations en hôtel, qui représentent 26 % des orientations, continuent de progresser (+ 12 % sur un an) malgré l’engagement de l’Etat de trouver des alternatives plus qualitatives.
Une forte proportion de familles et de jeunes qui sollicitent le 115
Si les hommes isolés restent les plus nombreux à solliciter le 115 (44%), la proportion de familles sollicitant un hébergement est très élevée (37%). 39 % des demandeurs ont moins de 25 ans, ce qui traduit une pauvreté des jeunes et des enfants. La proportion de femmes seules à la rue sollicitant le 115 (11%) progresse également sur les 38 départements.
Cette situation critique va se dégrader dans les semaines à venir, avec la fermeture en cours de différentes structures hivernales partout en France, sans solution pour les hébergés. Dans ce contexte dramatique, la FNARS demande l’arrêt des remises à la rue et la mobilisation, par les préfets, du parc privé et social disponible pour trouver rapidement des solutions d’hébergement ou de relogement, avec un accompagnement social par les associations. Il est urgent de rompre avec la gestion saisonnière de l’hébergement, inefficace pour l’insertion des personnes et coûteuse pour la collectivité.