Alors que les jeunes générations accèdent massivement au bac et aux études supérieures, quelle influence ont aujourd’hui les origines sociales sur les parcours scolaires et professionnels ? Ce nouveau Céreq Bref fournit des éléments de réponse en s’appuyant sur l’observation en 2020 des trajectoires des jeunes sortis de formation trois ans plus tôt. Les auteures montrent que les inégalités sociales observées au moment de l’insertion professionnelle s’expliquent avant tout par l’effet du niveau de diplôme atteint, lui-même fortement déterminé par le milieu d’origine. Pour autant, à diplôme égal, ce dernier continue de jouer un rôle.
L’origine sociale conditionne les parcours scolaires et l’accès aux diplômes
- Dès la fin de la classe de 3ème, 84 % des enfants de deux cadres s’orientent vers la voie générale contre seulement 41 % des jeunes issus de famille à dominante ouvrière.
- Seulement 5 % des enfants de deux cadres n’obtiennent pas le bac contre 33 % pour ceux issus de famille à dominante ouvrière.
- À l’issue du parcours scolaire, les écarts en matière de diplômes du supérieur long sont tout aussi importants : 55 % des enfants de deux parents cadres sont diplômés de l’enseignement supérieur long (bac+5 et plus) contre seulement 11 % des enfants de familles à dominante ouvrière.
Le diplôme conditionne les parcours d’insertion
- Moins diplômés, les jeunes d’origine sociale modeste connaissent des débuts dans la vie active plus difficiles que les autres (seuls 26 % des enfants de familles à dominante ouvrière ont une trajectoire d’accès rapide à l’emploi à durée indéterminé contre 39 % pour les jeunes dont les deux parents sont cadres).
- Néanmoins, à diplôme égal, les différences de parcours s’estompent et trois ans après la sortie du système éducatif les taux d’emploi varient très peu selon l’origine.
L’origine sociale reprend le dessus en matière de professions et de salaires
- Les enfants diplômés de bac + 5 dont les deux parents sont cadres sont 78 % à être cadre eux-mêmes contre seulement 60 % de ceux issus des familles à dominante ouvrière.
- En affinant avec le domaine de formation et la nature précise du diplôme, une personne issue d’une famille de cadre a encore deux fois plus de chance d’être cadre elle-même que celle issue d’une famille ouvrière.
- Les jeunes de deux parents cadre sont toujours mieux rémunérés. Par exemple, pour ces derniers diplômés du supérieur long, le salaire médian est de 2 400 € net versus 2 100 € pour ceux issus de famille à dominante ouvrière.
Pour contrecarrer les effets toujours présents de l’origine sociale sur les destinées scolaires et professionnelles, des mesures ont été mises en œuvre à l’instar des quotas d’élèves boursiers à l’entrée de plusieurs écoles prestigieuses (« Sciences po » par exemple). Toutefois, les auteures préconisent d’autres actions à déployer plus tôt dans le parcours scolaire. Par exemple, des travaux montrent que le renforcement de la mixité sociale dans le système éducatif améliore la réussite scolaire et plus tard l’insertion professionnelle.
Origine sociale, diplôme et insertion : la force des liens
Gaëlle DABET, Dominique ÉPIPHANE, Elsa PERSONNAZ
Céreq Bref n° 451, 2024, 4p.