A l’occasion de la Journée du refus de la misère, le gouvernement a présenté, le 17 octobre, un "tableau de bord" sur les objectifs à atteindre en matière de lutte contre la pauvreté, dont l’association ATD-Quart Monde conteste la pertinence.
Ce suivi de la pauvreté, qui sera présenté chaque année à l’automne, permettra d’évaluer la progression vers l’objectif fixé par le chef de l’Etat de faire baisser d’un tiers d’ici 2012 le nombre de pauvres. Aujourd’hui, 7,1 millions de personnes (12,1% de la population), vivent sous le seuil de pauvreté fixé à 60% du revenu médian (817 euros par mois en 2005). C’est la première fois en France que pourront être évaluées les politiques de lutte contre la pauvreté, en partant d’indicateurs tenant compte du taux de pauvreté monétaire, mais aussi d’une quinzaine de paramètres liés à l’emploi, le logement, les études, la santé, l’endettement. L’indicateur "central" retenu par le gouvernement pour mesurer son objectif de baisse d’un tiers de la pauvreté, est un "taux de pauvreté ancré dans le temps", qui mesure l’évolution du nombre de pauvres à partir d’une année donnée, en tenant compte de l’inflation.
S’il fallait trouver des arguments pour dénoncer la pauvreté du tableau de bord du suivi de la pauvreté proposé par le Gouvernement, il suffisait d’être une petite heure sur le Parvis des Droits de l’Homme au Trocadéro le 17 octobre, jour de l’annonce contestée par ATD Quart-Monde et suite de l’intervention du Haut-Commissaire Martin Hirsch aux 2émes Assises nationales de la jeunesse au Conseil Economique et Social et Environnemental, au Palais d’Iena à moins de 300 métres du Trocadéro.
Il y a dans cet exercice de raccomodage des mots et des choses ( des mots et des situations auxquels ils renvoient) en ces temps de réchauffement climatique, un air de débà¢cle, de dégel.
Pour peu que nous (re)connaissions les solidarités qu’ ATD Quart Monde développe depuis sa fondation parmi les essentielles, il y a l’éducation, la culture, l’expression partagée d’une appartenance à l’humanité , à une seule humanité commune. Ces liens se manifestent par les bibliothèques de rue, les universités populaires, le théà¢tre-forum, les ateliers d’écriture, par l’expression littéraire et artistique partagée en tous lieux.
Ainsi, à la même date en 2007 à Nyons charmante Sous-Préfecture de la Drôme, Place de la Libération avec la Délégation locale des Droits de l’Enfant nous partagions les éclats d’un atelier d’écriture de collègiens, d’artistes locaux RMistes (poètes, peintres, sculpteurs, graphistes, faiseurs de potage, musiciens, etc..) et d’autres adultes plus ou moins marqués par les aléas de la vie, solidaires.
Ce petit rappel pour dire que les indicateurs de développement humain ( IDH) du Programme des Nations Unies qui ont maintenant quelques décennies de mise en oeuvre, étrangement disparaissent du paysage de "l’Evaluation".
Le drômois que je suis, a comme autre mérite d’être membre du Réseau Régional de Démocratie Participative de la Région Rhône-Alpes et d’avoir répondu il y a de nombreux mois à l’Appel à Projets pour l’accompagnement expérimental du RSA.
Réponse relative à l’accompagnement culturel du RSA. Proposition classée sans suite, sauf que drômois du Sud ( la Drôme provenà§ale touristique ou le Pays Une Autre Provence - 120 communes du Sud Drôme - Haut Vaucluse) je suis dans une proximité certaine avec une autre charmante commune qui se nomme Donzère et dont le Maire n’est autre que l’actuel Secrétaire d’Etat Eric Besson. Eric Besson a donc reà§u copie de ma propsition d’accompagnement culturel et m’en a courtoisement remercié, sans suite.
Ce 17 octobre 2008, invité et intervenant dans les débats aux 2émes Assises nationales de la jeunesse, j’ai donc relancé Martin Hirsch à propos des outils d’évaluation impliquant les pratiques associatives, éducatives, sportives, culturelles, artistiques, qui font aussi la santé, la socialisation partagée de ceux que nous affirmons vouloir "aider" en les priant de demeurer à distance, objet de notre suivi et de nos observations teintées de cette épouvantable excés compassionnel qui les enferme dans leurs statuts de "non-insérés".
Un contre-sens dans cette politique qui prétend s’inspirer autant d’ATD Quart- Monde que des Communautés d’Emmaà¼s. Impliqué dans l’évaluation des politiques publiques par les Clubs Régionaux de l’Evaluation et par des interventions en formation des futurs et actuels fonctionnaires territoriaux, je conteste comme ATD Quart-Monde cette vision ( non-participative, restrictive) du " suivi" de la pauvreté . Il a tout d’une pérennisation de celle-ci puisqu’elle utilise ce que la HALDE combat, la discrimination ( fusse-t-elle positive) , ici elle est systémique , diffuse en niant les IDH.
Je ne conteste pas les "progrés" et les décisions économiques du RSA et en cela Martin Hirsch est l’homme de la situation et la défense-illustration qu’il fait d’une création de richesse en réintégrant dans l’économie évaluable l’inscription des "dépensiers" devenant des "acteurs positifs" d’une économie plurielle. Ce que je dénonce là c’est l’absence de solidarité gouvernementale pas seulement du côté des tiroirs caisses mais du côté des pratiques sociales. Comme les gouvernants sont parfois les fidèles miroirs des gouvernés, il conviendrait d’y voir le reflet d’une empathie frileuse, mais en progrès de l’ensemble de nos concitoyens pour "les pauvres" avec la menace plus proche d’en être.
Il y a un gain collatéral dans ces grandes maneuvres de solidarité locale, régionale, nationale, européenne et internationale, la pauvreté et la misère ne se confondent pas.
L’actuel plan contre la pauvreté serait misérable d’oublier les Indicateurs de Développement Humain (IDH) et d’oublier d’associer les " aidés" à leur propre destigmatisation par des engagements non discriminatoires.
C’est trés exactement la fonction et la valeur d’usage de l’outil présenté par mes soins aux 2émes Assises nationales de la jeunesse " Bénévolons. Carnet de voyage d’un bénévole ".
Voir le Blog Les Ateliers d’Algebrista et autres vagabondages du même auteur sur ce Site Ressources-Solidaires.
Les candidatures à l’expérimentation de ce livret du bénévole - dans une forme moins " Livret de moralité" - au sein des dynamiques territoriales sont reà§ues toujours à la même adresse : algebrista club-internet.fr
Cette proposition de " suivi" est un pur produit des économistes orthodoxes, alors que Patrick Viveret poursuit la tournée des popotes avec " Reconsidérer la richesse ", toujours dans le Sud - Drôme aux récentes Rencontres citoyennes de Dieulefit.
A l’heure du " Clic" et des réseaux et d’une intelligence certaine des " territoires" ( voir le Site de l’UNADEL ) que le Gouvernement tente de faire passer ce "suivi raccourci" ressemble à un mauvais peplum o๠les messagers sur leurs chars par les voies romaines transportaient des messages contradictoires devant les gueux qui les voyaient disparaà®tre dans la poussière de leurs majestueuses ambassades.
L’empire romain succomba et les gueux restèrent...
Les gueux nient les suivistes, n’aiment pas nécessairement les guides, les solidarités relèvent de subtiles dosages d’intelligence et d’engagement qui sont plus artisanaux qu’industriels. Ils demeurent cependant compatibles avec la politique (la démocratie à réinventer), mais avec les chiffres il faut des lettres...et des talents à ne pas tuer dans des organigrammes et autres pourcentages programmatiques.
Un projet de civilisation...