Pendant 6 mois, Florence Aubenas a quitté Paris et son métier de grand reporter au Nouvel Observateur pour vivre l’expérience d’une travailleuse précaire. Elle prend le train pour Caen en Basse-Normandie, ville où elle ne connaît personne, et s’installe dans une petite chambre meublée d’étudiant. Dès son arrivée, elle se met à la recherche d’un emploi en expliquant n’avoir pour tout bagage scolaire que son baccalauréat littéraire. Florence Aubenas est connue dans le monde du journalisme et célèbre pour avoir été otage en 2005 en Irak, ce qui lui a valu d’avoir son portrait affiché dans de très nombreux lieux publics. Pourtant elle décide de conserver ses noms et prénoms, colore simplement ses cheveux et chausse de larges lunettes. Elle ne sera jamais reconnue sauf dans une agence d’intérim. Pour les personnes qui doutent, elle « plaide l’homonymie ».
Sur un fond de crise économique, Le quai de Ouistreham se déroule presque comme un road movie dans Caen et ses faubourgs. Florence Aubenas nous emmène dans ces endroits improbables, aux abords de la ville et dans ses zones industrielles nouvelles et anciennes qui gardent encore des traces des lourdes restructurations industrielles qui ont touché la capitale bas-normande : RVI (Ex-Saviem), la Société Métallurgique de Normandie, Valéo, Moulinex… Dans ses pérégrinations pour l’emploi, elle voit défiler des paysages de désolation où les champs de pommes de terre côtoient les anciens haut-fourneaux, vestiges d’une ère révolue.