Fils d’épicier devenu président de Système U, ce Vendéen autodidacte croit au « consommer mieux » et au local durable.
Il a l’élégance stylée de son beau quartier d’aujourd’hui, loin, très loin de la supérette Codec que reprit son père en plein bocage vendéen. La veste est noire et le ventre est aussi plat que celui du marathonien qui finissait son affaire en trois heures, avant de se contenter de trottiner au jardin du Luxembourg, « seul endroit où les fourrés sentent Shalimar ». Il y a juste les bottines aiguës et la cigarette maintenue, qui signent le côté tapageur du VRP qu’il est resté et du jovial brancheur qui connaît tout le monde alentour et siphonne la sympathie ambiante. Ce qu’on ne conçoit pas tout de suite, c’est que ce harponneur d’attention, chopeur de sensations et hâbleur en proportion, est aussi un diffuseur d’idées qu’on n’imaginerait pas trouver à telle enseigne.
Il veut que le local durable triomphe sur le low-cost global. Il pense que la France peut relocaliser si elle le décide. Il préfère le consommer moins aux prix baissés à toute force. Il veut en finir avec cette schizophrénie toxique qui voit l’affamé de pouvoir d’achat être aussi le salarié d’une entreprise sadisée par les marges arrières. Il pense que la grande distribution a des responsabilités écologiques et civiques.