Vous n’avez pas pu échapper à l’annonce faite par le ministre délégué chargé des Comptes publics, Gabriel Attal... Si ? Je rappelle donc les faits. Il a annoncé un grand plan pour lutter contre la fraude sociale. Déjà, de quoi parle-t-on ? Selon Wikipedia "La fraude sociale désigne l’ensemble des actions illégales pour échapper aux cotisations sociales ou pour bénéficier de manière indue des prestations sociales. La fraude sociale regroupe ainsi deux notions distinctes : la fraude aux cotisations sociales d’une part, la fraude aux prestations sociales d’autre part". On a donc 2 catégories de fraude. Et si on va voir le poids de chacun, on constate un "léger" déséquilibre. Un rapport de 2019 [1] indique une fraude aux cotisations sociales (ou "fraude patronale") d’environ 0.7 milliards détectés (Pour 6.8 à 8.6 estimés) et une fraude aux prestations sociales de 1 milliard détecté (Pour 2.3 estimés). Ce n’est pas moi qui le dit, mais Statista, se basant lui même sur un article d’Alternatives Economiques. Mais tout cela est très loin de la fraude fiscale puisqu’elle atteindrait 80 et 100 milliards d’euros (Estimée donc) pour environ 13 milliards détectés cette année-là. La fraude fiscale pèse 10 fois plus lourd que la fraude sociale et 50 fois plus que la fraude aux cotisations sociales. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire cet intéressant article de Cairn, d’ailleurs.
Les réactions arrivent demain vendredi, et elles sont assez violente de la part de ceux qui travaillent au quotidien à redresser des familles ou individus dans la précarité. Gabriel Attal indique que le montant de la fraude au RSA serait de 1,2 milliard d’euros par an. Totalement invérifiable et complètement stigmatisant sur des personnes déjà dans une situation compliquée. Les moyens sont mis pour la "chasse aux fraudeurs aux prestations", mais en oubliant l’ampleur du non-recours à ces aides. Le plan stigmatise donc tout le monde en passant à côté des vrais enjeux. Car ne trahissez pas mes propos, il faut lutter contre les fraudeurs, quels qu’ils soient, mais pas en jetant tout le monde dans le même seau. Cela insinue également que les droits aux prestations se méritent et on glisse gentiment vers le RSA contre contre-parties en temps. La boucle est bouclée.
L’UNCCAS a réagi assez violemment à l’annonce faite du nettoyage des rues pour les JO de 2024. En effet, en mettant en place des lieux intermédiaires en région, on vide les rues des SDF, rendant plus "acceptables" la vue par les touristes de la capitale.
Toujours sur les pauvres, le Syndicat de la Médecine Générale (SMG) a lancé une pétition contre la suppression de l’AME, aide médicale d’Etat. La sénatrice LR Françoise Dumont a déposé un amendement dans le cadre de la loi sur l’immigration demandant la transformation de l’AME en aide réservée aux cas urgents, nuisant (encore un peu plus) à l’accès aux soins pour les plus en précarité, dont les personnes en situation irrégulière. Pour toute personne s’intéressant à la question de santé publique, les études prouvent depuis longtemps que l’AME est un levier essentiel à la santé individuelle (Logique), mais également à la santé publique en restreignant la propagation de maladies liées à la précarité.
Enfin, le Collectif des associations unies (CAU) publie son nouveau rapport sur le logement social dans la Métropole du Grand Paris. Et là encore, ça coince ! "Comment peut-on justifier que le quart le plus pauvre des demandeurs de logements sociaux n’y obtienne que 13,5 % de l’ensemble des attributions ? Ce chiffre tombe à 10,2 % pour les attributions hors des quartiers prioritaires de la politique de la ville, loin des 25 % imposés par la loi depuis 2017". Plus d’attente, plus de travailleurs pauvres sans abri,... Il manque 140 000 logements sociaux pour couvrir les besoins !
Sale temps pour les pauvres donc !
Bonne lecture,
Bonne fin de semaine
Guillaume Chocteau
[1] Mais certainement toujours vrai dans les grands (dés)équilibres !