Les Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI), ça fonctionne et le président du Réseau Cocagne le dit haut et fort dans une tribune dédiée. Ils mélangent souvent innovation sociale avec l’accompagnement social et l’insertion professionnelle, bases de leurs interventions. Dans un contexte de recul du chômage de masse, semblerait il, il est ainsi pertinent, selon Dominique Hays, d’interroger les politiques d’emploi. Le président du réseau fait un rappel utile (et rapide) sur la genèse des ACI, issue du constat des travailleurs sociaux et militants que pour sortir les personnes d’une partie des difficultés sociales et professionnelles, il fallait qu’ils créent, eux mêmes, de l’activité, prenant en compte une contrainte adaptée aux publics qu’ils recevaient. Ainsi l’IAE naissait et se développait. Et comme c’est une tribune, il y a du parti pris, du positionnement : "Il serait tout aussi réducteur d’enfermer l’ACI dans un débat manichéen prétendant fixer des frontières entre marchand et non marchand qui sont, du reste, des notions polysémiques prometteuses de débats clivants inutiles. La mission de l’ACI constitue une offre de valeur qu’aucun « client » ne prend en charge à lui seul. On parle à la rigueur d’une économie « hors marché », d’une économie d’effets utiles associés, d’une économie des fonctionnalités, pas tout à fait dans les termes des lois de l’offre et de la demande telles qu’elles sont édictées, mais qu’importe ! Pourvu que l’utilité reste démontrée".
L’INSEE a publié une étude sur la pauvreté et son évolution en 2021. On y apprend que "9,1 millions de personnes vivent avec un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire, soit 14,5 % de la population vivant en « logement ordinaire » en France métropolitaine" ou encore que "le taux de pauvreté des chômeurs est bien plus élevé ; il est presque six fois supérieur à celui des actifs en emploi salariés (35,1 % contre 6,3 %). Le taux de pauvreté des enfants de moins de 18 ans est également élevé, à 20,6 % en 2021". La situation se dégrade et cela inquiète (A juste titre) le collectif Alerte. L’étude de l’INSEE fait d’ailleurs écho au rapport sur la pauvreté du secours catholique. Ce rapport pointe une "féminisation de la pauvreté" et surtout les femmes avec enfants, premières victimes pour un quart des accompagnements par l’association. Le collectif Alerte avance plusieurs actions à mettre en place rapidement pour atténuer les premiers effets, tout en rappelant que le gouvernement ne prend pas la bonne ampleur du phénomène de la pauvreté et de la précarisation.
L’ESS est partout. Les associations surtout, forcément, car elle couvre un territoire de compétences si vastes qu’il est quasi impossible à délimiter. Le handicap est un secteur important et je m’en fais régulièrement l’écho ici. Il y a peu, un débat parlementaire a eu lieu sur l’écriture inclusive. Chacun.e [1] peut y prendre position. Et tout d’un coup, une association vous éclaire sur un aspect que vous ne remarquiez pas... Parce que non concerné directement, il est compliqué d’atteindre l’œil expert de celui qui est concerné. C’est ainsi qu’au détour du débat, l’APHPP a apporté une pierre supplémentaire à la réflexion : La graphie de l’écriture inclusive "rend les textes inaccessibles à nombre de personnes sujettes à troubles DYS (dyslexie, dyspraxie) mal ou non voyantes".
J’aime la société civile et les corps intermédiaires pour leurs expertises d’usagers, de concernés, d’experts non professionnels. On peut être en accord ou non avec, mais ils éclairent toujours un angle que le non concerné aura du mal à voir. Merci à eux.
Bonne lecture,
Bonne fin de semaine.
Guillaume Chocteau
[1] Désolé, c’était trop facile