Il fait froid ! C’est normal, nous sommes en hiver… Ce qui ne l’est pas, c’est que dans un pays qui se vante de son niveau de développement humain, l’on puisse en mourir par défaut de logement pour tous
Ce qui l’est moins, c’est de constater le cynisme dont fait preuve la ministre chargée du logement. Menacer d’utiliser la force publique pour mettre à l’abri les sans logis, avec le nécessaire accent martial pour montrer l’urgence de la décision, c’est placer bien bas le niveau de responsabilité. Madame Boutin ne veut pas être la ministre des morts de froid. Mais elle n’a pas montré qu’elle était celle du logement social.
Madame Boutin n’a pas pris la mesure de l’indignation que provoque l’évocation de la coercition. Le principe de précaution qu’elle prétend appliquer apparaît pour ce qu’il est, une sorte de protocole compassionnel censé compenser la politique du logement qu’elle n’a pas mené. Et dans quelques jours, à l’arrivée d’un temps plus clément, la fermeture des solutions d’extrême urgence provoquera le retour dans la rue des personnes en situation de simple pauvreté. A quelle aune, chaque année doit-on mesurer le résultat de cette politique ? Au nombre de morts évités pendant les quelques jours de grand froid ? Au nombre grossissant de gens en attente d’une solution correspondant à leurs besoins et à leurs moyens ?
A chaque hiver, dès le premier « Mort de la rue », alors que c’est toute l’année que ces gens vivent cette situation, chaque ministre qui en la successive charge, semble la découvrir. Et de dénoncer la chose tout en appelant à l’urgence de mettre à l’abri. Comme si un abri équivalait à un logis ! Et chaque année, comme l’an dernier les Associations unies l’avaient démontré avec une belle « Nuit de la solidarité », comme Dal le rendait aveuglant avec le campement de la rue de la Banque, les acteurs et militants du logement rappelle que la répétition de l’urgence devrait déboucher une bonne fois pour toutes sur l’urgence de la stabilité d’une part d’un hébergement décent, et d’autre part de l’ouverture d’un nombre annuel suffisant de logements sociaux. Or comme l’ont rappelé le samedi 13 décembre, les organismes de locataires et les organisations syndicales, tous les segments du logement social sont concernés. Le poids des loyers est tel dans les budgets des ménages (le taux d’effort en est le nom statistique officiel), qu’il n’est guère envisageable de quitter un logement social, alors même que les effets de la crise dite faussement financière sur le pouvoir d’achat sont à venir.
Et quand l’hiver vient, quand le froid s’installe, sur qui le gouvernement prétend-il faire tomber la responsabilité de la mort de quelques SDF ? Sur les individus eux-mêmes, qui refusent, n’est-ce pas, de rejoindre des centres d’accueil mis à leur disposition ! Sur l’action irresponsable des militants du logement, qui, n’est-il pas, organise le dépôt dans la rue d’objets encombrants, c’est-à-dire les tentes pour abriter les sans logis et les mal logés ! C’est bien la poursuite de la politique du logement par d’autres moyens : le traitement sécuritaire du social.
La LDH qui est partie prenante du collectif des Associations unies pour le logement, qui avait décidé de prendre sa place dans l’appel unitaire des associations de locataires et des organisations syndicales, et qui tient toute sa place aux côtés de DAL, dans l’action et dans le soutien quand ce dernier est menacé, rappelle que les DESC, donc le droit à une vie décente, font partie de la DUDH en particulier dans son article 22. Et comme nous avons voulu le dire et le montrer en ce moment du 60ème anniversaire, la DUDH n’est pas un dîner de gala, c’est un programme d’action auprès des plus démunis, auprès de ceux qui sont moins égaux que d’autres.
La LDH invite chacune et chacun à prendre la mesure du risque que fait courir à la démocratie les situations de pauvreté dans lesquelles nombre de nos co-résidents survivent. La LDH proteste contre les poursuites judiciaires et les jugements qui criminalisent les militants du social.
Texte d’analyse de la LDH.