Deux décisions de justice survenues ce lundi 13 février méritent un rapprochement édifiant. Elles montrent à la fois que la justice finit par obliger à la reconnaissance des désastres sanitaires et environnementaux, et malheureusement que cette reconnaissance et les réparations demandent souvent des décennies et des multitudes de décès.
D’une part, le tribunal de Turin a condamné les deux chefs d’entreprises (et milliardaires) responsables du scandale de l’amiante de Casale Monferrato à 16 ans de prison et plusieurs dizaines de millions d’euros de dédommagements aux parties civiles. Plus de 40 ans après que le rôle de l’amiante dans le développement de cancers incurables a été formellement établi, les responsables d’entreprises ayant sciemment poursuivi son exploitation dans des conditions criminelles sont enfin condamnés. Hélas, ce verdict ne rendra pas la vie aux 3.000 morts ni la santé aux dizaines de milliers de malades de la petite ville italienne où les travailleurs manipulaient l’amiante à main nue et où les poussières imprégnaient l’atmosphère.
D’autre part, le tribunal de grande instance de Lyon a jugé la multinationale Monsanto responsable du préjudice subit par Paul François suite à l’inhalation du pesticide « Lasso ». Cet agriculteur avait été grièvement intoxiqué par les vapeurs de ce désherbant en 2004, et ne peut désormais plus travailler qu’à mi-temps en raison des troubles persistants, conséquence des dégâts occasionnés sur son système nerveux central.