Greenpeace publie un rapport qui révèle que les plus grands exportateurs, transformateurs et distributeurs du riz du monde rejettent le riz OGM. Le rapport " L’industrie du riz en crise " revient sur l’impact des scandales de contamination génétique qui ont marqué la fin de l’année 2006. Il recense les prises de position des principaux industriels du secteur contre les cultures de riz transgénique et fait le point sur les conséquences économiques catastrophiques qu’a subies l’industrie du riz.
La fin de l’année dernière a été marquée par les découvertes successives de traces de riz transgénique interdit à la culture partout dans le monde, dans des produits commercialisés en Europe, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. En cause notamment, le LL 601, un riz OGM provenant des Etats-Unis, fabriqué par Bayer et cultivé à titre expérimental uniquement jusqu’en 2001. " Cette affaire évoque l’image du battement d’aile de papillon qui change la face de la planète, résume Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de Greenpeace France. Quelques hectares de riz transgénique expérimental ont réussi à contaminer les approvisionnements mondiaux de riz. "
Partout dans le monde, ces scandales ont provoqué une levée de bouclier. Le Japon a stoppé net ses importations de riz américain ; l’Europe les a suspendues et a imposé des contrôles ; le plus grand transformateur mondial de riz, Ebro Puleva, a arrêté de s’approvisionner aux Etats-Unis. Chute des exportations, perte de confiance des consommateurs, contrôles et tests supplémentaires, retours de produits, annulations de commandes... L’industrie mondiale du riz affiche des pertes qui se montent à 150 millions de dollars. Et les experts estiment que les exportations de riz américain pourraient chuter de presque 16 % en 2006-2007.
De nombreux acteurs du secteur se sont déjà retournés contre Bayer. Des agriculteurs américains ont entamé des actions de groupe contre l’entreprise qu’ils jugent responsable de la contamination et des pertes financières dont ils sont victimes. Ils demandent à Bayer des indemnités qui pourraient s’élever à plusieurs millions de dollars. En plus de ces actions de groupe, des poursuites individuelles ont également été lancées, et certains négociants européens envisagent aussi d’engager des actions en justice. " Bayer refuse aujourd’hui encore d’assumer ses responsabilités et de payer pour les importants dégâts financiers qu’a causés son riz OGM non autorisé ", affirme Adam Levitt, avocat du cabinet Wolf Haldenstein Adler Freeman & Herz, de Chicago, l’un des importants cabinets d’avocats engagés contre Bayer.
" Cette contamination générale et le rejet complet du riz OGM sur le marché montre clairement qu’il serait désastreux de le développer à une échelle commerciale, reprend Arnaud Apoteker. Bayer doit répondre des dommages causés à l’économie, au marché mondial et à l’environnement de la contamination par le riz OGM de 2006. Et les gouvernements doivent s’opposer strictement aux demandes d’autorisation de cultures de riz transgénique. "