Ils arrivent en Europe et en France par milliers, pour beaucoup d’entre eux au risque de leur vie.
Ils sont les produits, les rebuts, de l’échec de notre monde occidental si parfait. L’échec du partage du monde disponible au XIXe siècle entre les puissances impérialistes en développement, puis l’échec des décolonisations. L’échec des petites manoeuvres et des errements géostratégiques de nos gouvernants. L’échec d’une Françafrique qui n’a pas fini de sévir.
Leur présence attise toutes les angoisses vis-à-vis de l’autre, de l’étranger. Elle ravive les pulsions primaires de défense de son territoire. Elle alimente les droites extrêmes, qu’elles soient populistes ou se disent républicaines.
Nos politiques d’accueil sont dérisoires, inadaptées, sous-proportionnées. Nous n’avons pas de cadres conceptuels pour penser et comprendre ce qui se passe. Le seul schéma de pensée disponible, celui de l’assimilation individuelle dans les règles et le grand récit de la République, ne tient pas. Et nos grands intellectuels sont trop occupés à deviser sur la laïcité et sur la féminisation de la langue pour nous aider à comprendre cette mutation du monde.