Aujourd’hui se termine le Conseil européen qui devrait définir la politique énergétique européenne pour les 10 ans à venir. L’une des solutions qui semble faire le plus consensus parmi les Etats européens est le développement des agrocarburants. Un objectif de 10% d’ici à 2020 serait fixé pour l’ensemble des transports. Les Amis de la Terre dénoncent
cet objectif qui, en l’absence de normes environnementales précises et d’actions prioritaires comme un vaste programme d’économie d’énergie dans le domaine des transports, pourrait avoir un impact environnemental et social catastrophique.
La France devrait soutenir un objectif de 10% d’agrocarburants pour l’ensemble des transports. Or, la production d’agrocarburants implique une agriculture intensive ayant de graves répercussions sur l’environnement : OGM, appauvrissement des sols ou encore pollution des nappes phréatiques. Pour limiter ces impacts, l’importation d’agrocarburants sera encouragée et d’immenses exploitations agricoles intensives se développeront dans les pays du Sud pour faire rouler les voitures du Nord.
Le palmier à huile en Asie du Sud-Est et la canne à sucre au Brésil attirent déjà les spéculateurs. « Les agrocarburants sont une bombe écologique à retardement. Les choix qui sont faits aujourd’hui pourraient accélérer la déforestation en Amazonie et entraîner, d’ici quelques années, la disparition des dernières forêts tropicales d’Asie du Sud-Est »
précise Sylvain Angerand, responsable forêt aux Amis de la Terre. Ces cultures d’exportations entrent également en concurrence avec les cultures vivrières et menacent la souveraineté alimentaire des pays du Sud : « Dans un monde où des millions de personnes souffrent de malnutrition, la préservation des terres fertiles est un impératif autant écologique que social. Au Mexique, le prix du maïs, traditionnellement destiné à
l’alimentation, a déjà augmenté de 40% » insiste Anne Bringault, directrice des Amis de la Terre.
« Dans une logique inverse, les efforts devraient plutôt être concentrés sur le développement des alternatives à la voiture : Repenser l’urbanisme des villes et développer les transports en commun » développe Cyrielle den Hartigh, chargée climat aux Amis de la Terre. Des objectifs ambitieux et contraignants doivent également être donnés aux constructeurs automobiles pour développer des véhicules moins polluants et limiter la publicité pour les voitures les plus énergivores.
Tous les citoyens européens sont concernés par le changement climatique et la politique énergétique européenne et ils font entendre leurs voix ce matin devant le Conseil européen. Là, un drapeau européen de 12 mètres de haut portant les symboles des alternatives énergétiques est formé par des centaines de personnes sur un échafaudage. Ils demandent aux chefs d’Etats de « Stopper le changement climatique, réduire le gaspillage énergétique et choisir les énergies renouvelables ».