Le risque de recommencer notre vie comme auparavant est bien réel. Il faudra certainement revenir sur les engrenages qui nous ont amenés à nous protéger les uns les autres en désertant les rues du Monde entier.Mais en attendant, la sphère alimentaire qui nous concerne tous, risque d’entrer rapidement en crise. On ne peut que s’inquiéter des signaux qui remontent, et des chemins que nous risquons d’emprunter.
Nourrir : le temps d’un doute...
Deux évènements risquent de conjuguer leurs effets : le renforcement des règles de confinement a conduit l’Etat à fermer les marchés de plein vent, pénalisant bon nombre de petits producteurs locaux, très souvent engagés dans la bio, alors qu’une partie croissante de nos concitoyens, dans ce contexte de crise, se tournait vers eux. Parallèlement, un appel au volontariat a été lancé par le ministre de l’agriculture pour aider les grandes exploitations à faire face à la pénurie de main-d’œuvre qui s’annonce.
Bien que l’on puisse comprendre la nécessité de certaines décisions, la situation est paradoxale au moins par l’iniquité qu’elle provoque : les nouvelles formes d’agricultures vertueuses sont réduites à rechercher par elles-mêmes d’autres alternatives de production et de distribution, alors que les moins vertueuses, fragilisées par le recours désormais impossible à la main-d’œuvre de l’Europe de l’Est peuvent compter sur l’appui du ministère de l’agriculture pour recruter les volontaires aux champs. C’est une double peine pour les agriculteurs et les commerçants des marchés de plein vent qui sont les véritables antidotes aux effets délétères de la globalisation et de l’industrialisation de l’alimentation.