Nous ne paierons pas pour vos retraites. » Je ne sais s’il s’agit d’un cri du cœur – je parierais plutôt pour un cri du portefeuille –, mais le refus est net et sans bavure. Il émane, selon Les Echos du 14 décembre, d’étudiants ou de jeunes professionnels du secteur financier, membres d’une association liée à une fondation « très proche des libéraux de l’UMP », au cours d’une rencontre avec trois députés (PS, UDF et UMP) autour de l’avenir des finances publiques. Sauf accident, ils feront donc partie, dans une vingtaine d’années ou avant, du trentième le mieux rémunéré de la population active. Leur souci majeur n’est pas l’emploi, c’est la main – lourde, trop lourde – du fisc et de ses affidés, caisses de retraite ou organismes de sécurité sociale. Ils ne voient pas pourquoi ils auraient à payer l’ardoise que la génération qui s’apprête à partir en retraite leur laissera, alors qu’elle s’est copieusement goinfrée.
Je pourrais leur répondre qu’ils exagèrent : en deux étapes (1993, puis 2003), la réforme des re traites a réduit de façon non négligeable le montant des retraites que les générations en activité devront verser à leurs aînés, principalement en allongeant les durées de cotisation et en indexant les pensions (1) sur l’évolution des prix, et non plus sur celle des salaires. Le dernier rapport du Cerc (2) souligne d’ailleurs que, entre 1994 et 2004, le salaire net moyen par salarié (en équivalent temps plein) a vu son pouvoir d’achat progresser d’environ 1 % par an tandis que, pour les retraités non exonérés de cotisations sociales, soit les trois quarts des retraités, le pouvoir d’achat de la pension moyenne perçue diminuait de 0,3 % (régime général) à 0,5 % (fonctionnaires) par an (3).