La monnaie est le talon d’Achille de l’économie orthodoxe qui la considère comme un simple lubrifiant de l’échange marchand et non comme un bien désiré pour lui-même pouvant affecter profondément le fonctionnement de l’économie. Curieusement, les travaux sur l’Économie sociale et solidaire (ESS), pourtant très critiques vis-à-vis de la théorie orthodoxe, ne se penchent que très peu sur la monnaie alors que beaucoup d’initiatives solidaires sont consacrées à cette dernière.
Dans la théorie orthodoxe (néoclassique), notre économie se résume à une économie de marché, une économie d’échange. Dans une telle vision, la monnaie est une marchandise particulière qui a pour fonction première de faciliter les transactions. Pourtant, l’économie ne se résume pas à des transactions sur un marché. Avant d’échanger, il convient bien évidemment de produire. Or, au cours des siècles, le mode de production dominant a changé. Ainsi, depuis la révolution industrielle, nous sommes entrés dans une économie monétaire de production où les individus ne produisent généralement plus par et pour eux-mêmes, mais pour l’entreprise qui les emploie.