Ce projet est né, à l’été 2020, de la conjonction de deux initiatives. Deux personnes de l’équipe terminaient une recherche-action en collaboration avec des collègues et l’Écomusée du fier monde sur l’accessibilité au Musée des publics marginalisés. Parallèlement, l’Observatoire des médiations culturelles (OMEC) proposait la création de chantiers de recherche, notamment dans l’idée de soutenir monétairement des étudiant.e.s en période de pandémie.
Cette recherche a donc commencé en s’insérant dans la continuité d’une réflexion portée par ce groupe de recherche depuis plus de dix ans déjà : celle de l’apport de la médiation culturelle aux publics marginalisés. Ou, pour le dire autrement, comment la médiation culturelle favorise ce que depuis longtemps on appelle l’inclusion sociale par l’art et au sein des organismes artistiques et culturels de communautés vivant les effets de divers systèmes de domination et de formes d’exclusion ? Il ne s’agit pas d’une question récente.
Elle est même au cœur des politiques culturelles et de l’action institutionnelle du milieu depuis les années 1960, regroupée sous les deux paradigmes de la démocratisation et de la démocratie culturelles. Il n’empêche qu’elle est réactivée depuis quelques années en portant une attention spécifique aux publics marginalisés de la culture.
Elle s’accompagne aussi d’une complexification de la compréhension de ce qu’implique veiller à l’accueil de ces publics au sein du champ artistique et culturel et, peut-être et surtout, de leurs apports multiples : ouverture à des réalités diverses, enrichissement culturel et artistique, remises en cause des manifestations systémiques et usuelles de rapports de force, réflexions sur le rôle social que jouent ou pourraient jouer les organismes culturels et artistiques, révision des conceptions mêmes des pratiques artistiques et de leurs critères (par exemple, l’art contemporain), etc. Il est aujourd’hui question de droits culturels et de citoyenneté culturelle. En outre, des stratégies de divers ordres sont mises en œuvre : celles visant, par exemple, l’accessibilité, l’inclusion et l’équité. Se déploient ainsi des mesures et des projets qui tentent de s’ajuster aux besoins spécifiques de ces publics diversifiés dans une dynamique en tension entre un idéal d’égalité universaliste – toute personne devrait avoir accès à l’art – et une segmentation fine de revendications selon les divers groupes qui les composent.