Au début des années 1970, la formation ouvrait aux salariés un domaine
d’approfondissement des compétences professionnelles, mais aussi d’épanouissement personnel, tout au long de la vie. Elle englobait formation professionnelle et éducation populaire. Le chômage était alors faible. En 2007, la priorité officielle n’est plus le perfectionnement ou l’épanouissement de la personne, mais la survie du chômeur. D’où la montée en charge de l’insertion, à la fois catégorie spécialisée de la formation et aussi, « insertion par l’économique », domaine fort de l’Economie Solidaire.
Aujourd’hui, la formation est devenue une catégorie administrative. Entendue voilà 35 ans comme une extension du Service Public, elle est aujourd’hui un produit dans un catalogue. Pour entrer dans les catégories des appels d’offres, elle s’est standardisée, intensifiée et technicisée de plus en plus. Sa mise en normes lui a fait perdre de vue une grande partie de son sens et de sa dimension. Elle tend à justifier des processus de sélection et d’exclusion sociale de plus en plus féroces. Elle est là pour produire des résultats, mais pas au-delà de ce qu’on lui a commandé. De nombreux formateurs se plaignent de disposer de moyens en constante régression : mais c’est la conception générale même de la formation qui s’est appauvrie. La formation générale et l’éducation populaire sont tendance ringardes.
L’« insertion », de son côté, devient la catégorie-poubelle ouverte aux exclus quand des solutions plus crédibles sont jugées impraticables. Mais il faut qu’elle coûte de moins en moins cher. Certains politiques n’hésitent pas à invoquer la solidarité et le bénévolat… quand on les croit synonymes de « moindre coût » voire de gratuité.
Qu’apporte l’Economie Solidaire ?
• Elle concrétise une ouverture et une proximité réelles avec les personnes. Sensible à l’ensemble de leurs dimensions et pas seulement à leurs étiquetages administratifs, elle ouvre à la participation de tous, à tous les niveaux de réalisation et de décision.
• Elle permet de créer et d’expérimenter sur le terrain et à partir du terrain. Elle peut donc englober des expérimentations diverses, voire en apparence contradictoires. Elle ne masque pas le débat d’idées sous des catégories technocratiques.
• Elle concrétise la notion de parcours d’insertion pour les plus en difficultés et crée des emplois.
• Elle représente vis-à-vis des pouvoirs publics un ensemble d’interlocuteurs à même de dire et de montrer les conséquences humaines de la crise et de la lutte contre la crise. Elle rend les usagers plus actifs, plus acteurs, plus citoyens.
Jean Pierre CHOLLAT
Administrateur Adepés, Directeur de Travail différent