L’ampleur du séisme social à venir par la quadruple crise économique et financière, alimentaire, énergétique et climatique dont la durée est inconnue mais que l’on pressent dramatique pour l’Humanité, fait émerger la nécessité de nouvelles institutions à l’échelle mondiale et met le développement ultra-libéral en face de ses limites : il révèle la globalisation du risque, l’impuissance politique des Etats face au diktat des marchés : le système inféodé par l’économie de marché où l’emploi est subordonné à la maximisation des revenus, aux délocalisations, aux licenciements pour convenance boursière, aggrave les inégalités.
Avec la crise financière spéculative, le système est atteint en son cœur : la perte de confiance. C’est avoir oublié la finalité humaine de l’économie. Existe-t-il d’autres voies possibles à un système socio-économique basé sur la cupidité, où les valeurs sont réduites à la seule rationalité de l’argent, sur une société de consommation de masse, où la croissance est assise sur l’endettement des ménages, l’exploitation incontrôlable des ressources naturelles et de l’environnement, bien commun de l’humanité ? Une voie est entre autres, possible, celle de l’économie solidaire, non pas pour réparer les dégâts de l’économie libérale, mais comme projet de société, un mouvement de transformation sociale des modes d’agir, avec une reconstitution économique territorialisée, en revitalisant le tissu économique et la démocratie dans le développement local, non dans la concurrence mais dans la coopération, comme source principale de richesses, mais aussi, pour réduire la pauvreté, l’exclusion, la montée des inégalités, créer de l’emploi, pour aller vers une humanité à construire du vivre ensemble et des liens de solidarité. Agir dans un but commun pour replacer l’humain au cœur des institutions dans la sphère économique, politique, sociale et culturelle et le respect des différences : inventer de nouvelles solidarités, cultiver l’élaboration de propositions, soutenir des projets innovants, réduire les inégalités territoriales, mutualiser les infrastructures, encourager le droit à l’initiative en termes d’innovation, de talents, de savoir-faire, démocratiser l’économie et ses pratiques à partir d’engagements citoyens …. changer le mode de production et de consommation à partir des initiatives locales.
Tel est le défi et l’enjeu de l’économie solidaire où les principes de réciprocité et de redistribution, au-delà de l’intérêt, peuvent s’organiser au cœur de la coopération solidaire qui légitime et pérennise une diversité des logiques d’actions économiques, par les citoyens et par les centres de décision que sont les autorités publiques pour lutter contre l’insécurité économique, démocratiser l’économie, favoriser la cohésion sociale et garantir les droits sociaux élémentaires et ce dans l’intérêt des générations futures … La 4ème Quinzaine de l’Economie Solidaire en Midi-Pyrénées et dans la continuité, le FRESS (Forum régional de l’économie solidaire et sociale) sont un témoignage et une démonstration qu’une autre façon de penser, de faire de l’économique, d’agir, de consommer, de produire, de travailler, d’échanger dans un choix librement consenti citoyen et responsable est possible. Mais, comme le disait Mendès France, « l’élément fondamental du système démocratique, c’est la vérité… S’il n’y a pas d’honnêteté de la part de ceux qui tiennent un rôle dans le jeu des institutions, il ne peut y avoir de démocratie ». Sans oublier, qu’il existe aussi une autre vraie richesse , celle de l’intelligence du cœur.