Suite aux résultats du Grenelle de l’environnement, l’Etat signe aujourd’hui une convention avec les agences immobilières afin qu’elles s’engagent à afficher sur les annonces immobilières la performance énergétique des logements [1]. Cette « étiquette énergie » est notamment évaluée au regard de la « consommation » en énergie et des émissions de gaz à effet de serre des logements, mais les Amis de la Terre en soulignent les lacunes et son incapacité à répondre aux enjeux de la rénovation thermique.
Les « étiquettes énergie » issues des Diagnostics de performance énergétique (DPE), doivent reposer sur des critères précis, établis par des professionnels qualifiés pour que la démarche d’information et d’incitation lancée par l’Etat et les agences immobilières fonctionne. Or, aujourd’hui, les professionnels effectuant les DPE sont bien trop souvent peu qualifiés. Issus des métiers de diagnostiqueurs termites ou amiante, ils bénéficient d’une courte formation en thermique des bâtiments avant de devenir diagnostiqueur thermique. Pour que l’étiquette énergétique devienne crédible aux yeux des acquéreurs et locataires, l’Etat doit augmenter ses exigences dans la certification des diagnostiqueurs. Mais surtout, le gouvernement ne doit pas nous faire croire que l’étiquette énergie apportera la réponse à l’enjeu que représente la rénovation thermique du parc de logements français.
Mieux isolé, le bâti, qui concentre 43 % de la consommation énergétique française, représente un potentiel énorme d’économies d’énergie. Au-delà d’un étiquetage, des mesures s’imposent donc. D’après l’association négaWatt [2], 400 000 rénovations thermiques avec un objectif de 80 kWh d’énergie primaire consommée par m² et par an sont nécessaires pour que la France atteigne le « Facteur 4 », comme précisé dans la loi POPE [3] de 2005.
Cyrielle den Hartigh, chargée de campagne Changements climatiques aux Amis de la Terre insiste : « Nous avons attendu trop longtemps pour inciter de façon efficace les particuliers à isoler leur logement et ainsi réduire leur consommation d’énergie. Nous sommes maintenant au pied du mur et n’avons plus d’autre choix que de rendre obligatoire la rénovation thermique des logements à chaque transaction immobilière, en vente ou location, à hauteur de 80 kWh/m²/an. Cet objectif est nécessaire pour ne pas rénover chaque logement à moitié et avoir à recommencer dans 5 ans. C’est un gain de temps et d’argent ! ».
Au-delà de l’obligation de rénovation thermique, les Amis de la Terre exigent que soit prise en compte la qualité des matériaux utilisés (faible énergie nécessaire à leur fabrication et à leur acheminement, absence de nocivité pour les artisans et pour les habitants). Surtout, l’association souligne l’impérieuse nécessité de mettre en place les outils financiers efficaces pour que puisse être mené à bien un tel programme de rénovation. « En particulier, précise Cyrielle den Hartigh, les propriétaires les plus pauvres doivent bénéficier d’aides directes conséquentes, et les locations doivent faire l’objet de rénovation de qualité au même titre que les logements occupés par leur propriétaire. C’est seulement ainsi que la précarité énergétique pourra efficacement être combattue en France. La rénovation thermique et saine ne doit pas être un luxe pour les plus riches ! »
[3] Loi de Programmation et d’Orientation pour la Politique Energétique française, déterminant notamment l’objectif de division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.