L’engagement est sur toutes les lèvres. Relié depuis longtemps au bénévolat, il est désormais invoqué dans le monde de l’entreprise, à la recherche d’une loyauté des salariés que le lien de subordination ne garantit plus. Il fait irruption dans le vocabulaire des institutions publiques au lendemain du 11 janvier 2015 : on prend alors conscience que la résilience de la nation à la menace terroriste et au risque de fragmentation de la société que cette menace révèle repose sur la capacité et la volonté de chaque citoyen de contribuer au bien commun. Quelque chose a changé dans la façon dont les individus envisagent de faire société, mais quoi ?
Il faut, pour le comprendre, remonter au phénomène de la reliance qui caractérise les liens sociaux entre des acteurs séparés, individuels ou collectifs dans ce que les sociologues appellent la "société de la foule solitaire", la société industrielle de masse du XXème siècle qui a provoqué la « déliance » des communautés organiques ou historiques. La reliance est à la fois l’action de recréer des liens entre acteurs sociaux séparés, individualisés, et le résultat de cette action, « le partage des solitudes acceptées, l’échange des différences respectées, la rencontre des valeurs assumées, la synergie des identités affirmée… »