Nous l’avons appris le 13 novembre : un double appel d’offres lancé par Xavier Darcos et Valérie Pécresse a été lancé sur la « veille » des mouvements d’opinions concernant l’Education Nationale. L’objectif est clair : « l’analyse permettra un suivi précis de l’évolution de l’opinion internaute et des arguments émergents relayés et commentés sur ce canal ». On ne peut que s’inquiéter de la conception d’Internet et des nouveaux outils numériques du gouvernement : les surveiller afin d’anticiper et adapter sa propagande. Comme le dit Jack Lang lui-même, "c’est une atteinte à la liberté et à la dignité des serviteurs de l’école de la République".
On ne pourra que constater la proximité idéologique avec la logique de fichage généralisé du fichier Edvige ?
Il existe pourtant une autre façon de concevoir Internet et son usage. Ce n’est à l’évidence pas celle du gouvernement.
Sites web interactifs, pétitions et sondages en ligne, blogs d’élus et de citoyens, multiplication des réseaux sociaux : l’Internet et les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) prennent une place grandissante dans le quotidien de tous les acteurs (associations, syndicats, collectivités territoriales...) impliqués dans la vie locale, l’expression citoyenne et la participation. Les pratiques militantes et les relations des citoyens à la politique et aux institutions en sont transformées. De nouvelles modalités d’expression, de débat, de mise en réseau émergent, alors qu’en parallèle, la lutte contre la fracture numérique doit se poursuivre.
Sauvons la recherche, Pasdezerodeconduite, Campagne contre le Traité Constitutionnel Européen, le non à Edvige ou les mouvements lycéens et étudiants des dernières années auraient-ils eu la même portée sans Internet ? Et ce d’autant plus à une période où de grandes menaces pèsent sur l’existence d’un service public audiovisuel indépendant et pluraliste ?
Il est décisif d’agir pour que l’Internet et les outils numériques soient mis au service de l’autonomie de pensée et d’action des citoyens, d’un citoyen en mesure d’exercer pleinement sa citoyenneté, de l’accès au débat public… Les enjeux sont nombreux :
permettre à l’ensemble des acteurs collectifs de maîtriser techniquement les outils et améliorer la qualité de l’usage de ces outils ;
renforcer les conditions pour maintenir et développer un espace public non marchand de production, diffusion et partage de l’information et des connaissances ;
faire d’Internet et des outils numériques des moyens d’élaboration collective permanente, afin justement de renforcer la délibération collective, et donc la démocratie ;
assurer les libertés publiques par rapport à l’usage d’un bien commun que sont les nouveaux outils de communication.
A l’heure où certains veulent contrôler et surveiller les usages d’Internet, j’ai fait des choix inverses : développer l’usage d’internet et des outils numériques, avec les actrices et acteurs, afin de renforcer la démocratie et montrer une autre image de l’Ile-de-France.
C’est en ce sens que nous avons organisé la journée Démocratie en réseaux, le 17 novembre 2008 à la Cité des Sciences et de l’Industrie (programme joint).
C’est en ce sens également que nous avons créé un site internet collaboratif de mutualisation des initiatives associatives et citoyennes en Île-de-France, afin de faire connaître des projets et démarches dans des domaines clefs tels que la mémoire urbaine, l’immigration, l’égalité hommes-femmes, la lutte contre les discriminations…
Dans les deux cas, nous nous appuyons sur les actrices et acteurs existants pour renforcer leurs actions et non pas pour les surveiller, comme veut le faire le gouvernement. La richesse du débat est une chance pour la démocratie : nous devons la préserver et l’amplifier.