La Fédération des acteurs de la solidarité, qui regroupe près de 850 associations de lutte contre l’exclusion en France, publie ce jour les résultats de la synthèse hivernale du baromètre 115, analysant les demandes faites au numéro d’urgence entre les mois de novembre 2016 à mars 2017 dans 45 départements, et les réponses associées.
Pour pouvoir dresser un constat plus précis de l’urgence sociale en cette fin d’hiver, cette étude comprend exceptionnellement une enquête flash réalisée les 8 et 9 mars, en partenariat avec Fédération nationale des Samu sociaux, auprès de 90 équipes de maraudes (composées de travailleurs sociaux, bénévoles, infirmiers qui vont à la rencontre des sans-abri une ou plusieurs fois par semaine pour leur apporter des soins, un soutien psychologique, des produits de première nécessité et faire un suivi social).
Dégradation de la situation sociale des sans-abri
Les chiffres montrent une dégradation évidente de la situation sociale des personnes sans abri en France et notamment des jeunes et des hommes isolés, de plus en plus nombreux à appeler le 115 pour trouver un hébergement. Le nombre de personnes sollicitant le 115 (71 359 personnes) a augmenté de 7% depuis l’hiver 2015-2016, avec une hausse particulièrement sensible des appelants âgés de 18 à 24 ans (+12%). Le nombre de personnes jamais hébergées (34 482) progresse également de 10 % en un an.
Malgré une hausse du nombre de mises à l’abri proposées pendant la période hivernale (+9%) grâce à l’ouverture de places supplémentaires, moins d’une demande sur deux (45%) donne lieu à un hébergement. Les personnes sans abri, qu’il s’agisse d’hommes seuls, de femme seules ou de familles avec ou sans enfants, réitèrent leurs appels au 115 plusieurs fois par mois, mais, face au manque de places disponibles et au caractère temporaire des mises à l’abri, ils sont de plus en plus nombreux à rester dans l’errance, phénomène qui se constate en particulier dans les grandes métropoles.
Découragés, de nombreux sans-abri ne recourent plus au 115
Selon les résultats de l’enquête flash portant sur 1 300 ménages à la rue, 67% des personnes rencontrées par les équipes de maraudes n’avaient pas sollicité le 115 pendant cette période, 71% d’entre elles étaient en errance depuis plus d’un an et un tiers depuis plus de cinq ans. Au total, 78% des personnes rencontrées par les équipes de maraude étaient des hommes seuls.
Mobiliser les politiques pour que personne ne soit contraint de vivre à la rue
La Fédération des acteurs de la solidarité, qui compte de nombreuses associations gestionnaires de 115 et de maraudes parmi ses adhérents, demande une prise de conscience urgente des pouvoirs publics nationaux et locaux, de la situation vécue par les personnes sans abri et l’impuissance croissante des professionnels qui tentent de les accompagner vers une réinsertion durable.
Quelle que soit leur situation administrative ou médicale, les personnes en détresse sociale ont le droit d’être accompagnées par des professionnels de l’action sociale et d’être hébergées dans des conditions dignes.
La Fédération demande une mobilisation nationale de tous les acteurs du logement (pouvoirs publics, bailleurs sociaux, associations, intervenants sociaux) afin que des décisions politiques soient prises rapidement pour que les personnes puissent accéder à un logement et à un accompagnement social et sortir d’un système de mise à l’abri temporaire qui multiplie les aller et retour entre les centres d’hébergements d’urgence ou les hôtels et la rue.
La mobilisation des logements ou bâtiments vacants, le relogement des sans-abri par la mobilisation prioritaire de tous les contingents et la construction de logements très sociaux doivent, enfin, devenir une priorité dans toutes les grandes villes.