J’ai l’occasion aujourd’hui d’intervenir à une Conférence sur "Les Rom, part du dialogue interculturel" qui bien sûr s’inscrit dans mon programme, car les droits et leur protection, dans toute culture et pour toutes les minorités, sont une des priorités de ma présidence. Le principe qui est à la base de l’intégration européenne est pour moi, avant tout, l’égalité devant les droits pour tous les peuples et pour tous les individus.
A ce propos je veux très clairement relier ce discours au fait que hier, le 10 décembre, était le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. En se retournant sur ces soixante années, on peut mesurer à quel point cette déclaration, adoptée au lendemain d’une guerre mondiale, a servi de guide dans l’histoire des relations internationales, pour libérer les femmes et hommes et faire prévaloir l’Etat de droit et la démocratie.
Durant ces soixante années, l’Union européenne est née et a grandi. Elle est aujourd’hui dotée de sa propre Charte des droits fondamentaux, qui accompagne le traité de Lisbonne. Les droits qui sont inscrits dans cette Charte en font un texte unique au niveau international, le seul texte qui réunisse les droits de la Déclaration universelle, et les droits sociaux fondamentaux. C’est une victoire pour la société civile, qui avait exigé cette unification des droits civils, politiques et sociaux, correspondant à une évolution des consciences de nos sociétés.
En intégrant de façon claire les droits sociaux, cette Charte va même au delà de la Déclaration universelle, ce qui est nécessaire pour affirmer que les droits des personnes sont aussi des ’droits collectifs’ et pas seulement des ’droits individuels’ : c’est en soutenant ce principe que l’on pourra arriver à défendre les droits des peuples, des minorités, des plus faibles et des plus pauvres, qui sont ceux qui risquent le plus la violation systématique de leurs droits humains.
Aujourd’hui, le monde vit une crise économique dont les tenants et les aboutissants, sans précédent, nous poussent à une réflexion approfondie sur les modes de fonctionnement de nos sociétés.
A la veille de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne qui permettra aux droits et libertés inscrits dans la Charte d’intégrer le droit de l’Union européenne, il est essentiel que les droits sociaux fondamentaux qu’elle contient servent eux aussi de guide pour nous permettre de sortir de cette crise en gardant la conscience que, loin de nous freiner, ces droits protègent nos sociétés de dangereuses dérives, en particulier l’exclusion, à cause de la pauvreté, du bénéfice de tous les droits sociaux fondamentaux.