Dans un article des Echos du 20/10/10, on apprend que "Danone, Le leader mondial du yaourt contribue à la création d’une start-up destinée à aider les agriculteurs fragiles."
Décision intéressante à deux niveaux :
Les paysans en France ont de réels difficultés à vivre de leur production (C’est toute la question de la solidarité NORD / NORD)
Danone a intérêt à se positionner sur des créneaux agroalimentaires à "plus value de sens"
Mais, il y a une limite philosophique atteinte quand je lis :
"Après avoir développé des activités de microcrédit au Bangladesh, au Sénégal et au Cambodge, afin de réduire la malnutrition et développer l’emploi local, Danone se lance dans l’économie sociale en France, au travers du fonds dédié Danone Communities. L’opération est destinée à aider des agriculteurs en situation précaire à « subsister », en les assistant dans la création de petites unités de transformation de leurs produits."
Sans parler de la question évidente des statuts (Danone est une entreprise multinationale capitaliste, loin des critères éthiques de gouvernance et de redistribution collective des statuts de l’économie sociale), Franck Riboud fait beaucoup pour donner une image "d’entrepreneur social" à son entreprise. Le paragraphe ci dessus, et le rappel de leurs investissement au Bangladesh, au Sénégal et au Cambodge, tendrait à prouver une volonté de faire autrement.
Tout l’enjeu stratégique de cet investissement est qu’on ne peut critiquer l’investissement en tant que tel. En effet, on ne peut reprocher à des entreprises ou des personnes de vouloir "faire le bien" ou "faire mieux".
Et pourtant, cette vision reste une vision à court terme, voire moyen, car en rien, elle ne modifie les causes du mal soigné par cet investissement. En rien, elle n’est alternative au système dominant, en rien, elle ne permet de transformer la société en permettant aux bénéficiaires de devenir sociétaire des outils qu’il créé. Danone appartiendra toujours à ses actionnaires, et pas à ses bénéficiaires.
Et vous qu’en pensez vous ?