Le Comité National des Entreprises d’Insertion (CNEI) lance cette année le baromètre annuel de la santé des entreprises d’insertion en complément de l’Observatoire qu’il édite chaque année sur l’activité économique et sociale de ces structures.
A la demande du ministère du redressement productif, le CNEI a lancé une consultation auprès de ses entreprises adhérentes la deuxième quinzaine du mois de mars afin de repérer les entreprises en situation de risque aiguë qui pourraient faire appel aux commissaires au redressement productif (CRP) en région ; commissaires dont la mission est de soutenir les entreprises de moins de 400 salariés et d’assurer une veille sur les difficultés croissantes des entreprises. Les résultats de ce baromètre [1] ne viennent qu’entériner ce que le CNEI répète depuis plusieurs mois : les entreprises d’insertion vont mal !
Un bilan de santé inquiétant
Malgré un chiffre d’affaires 2012 qui stagne ou progresse pour 69% des entreprises, la situation financière actuelle des entreprises d’insertion s’avère fragile voire critique pour 62% d’entre elles. En cause : le sous-financement de la mission sociale de ces entreprises par l’Etat. « Nous avons financé notre mission sociale par le développement du chiffre d’affaires : baisse des résultats donc financement de la mission par la marge ! Mais aujourd’hui, le modèle est à bout de souffle. Avec des perspectives incertaines et la stabilité de l’aide au poste depuis 10 ans, nous avons dû générer des gains de productivité pour faire face à la hausse des frais salariaux (coût du travail +39,5% pour la même période [2]). Cela nous conduit à devoir réduire nos effectifs d’encadrement et donc d’accompagnement social. C’est la mort programmée de l’insertion. Nous l’aurons assez dit ! » témoigne un entrepreneur de l’Isère. « Tous les coûts ont progressé, seule l’aide au poste n’a pas évoluée comme chacun le sait, nous mettant dans une situation financière plus que fragile et inconfortable » souligne un autre entrepreneur d’Aquitaine.
Parmi les autres causes invoquées, les délais de paiement importants qui fragilisent la trésorerie des entreprises d’insertion, malgré la loi qui demande un règlement à 30 jours ou encore une gestion administrative de l’Etat, du département et du FSE de plus en plus contraignante et lente.
2 entreprises sur 5 ont ainsi mis en place un plan de restructuration ou de redressement depuis 2011 afin de poursuivre leur activité économique et leur mission d’insertion des personnes en difficulté.
Et des perspectives grises en 2013
L’année 2013 ne démarre pas sous de meilleurs auspices si l’on en croit les entrepreneurs interrogés. 48% prévoient un chiffre d’affaires en stagnation et 29% en diminution pour 2013, ce qui compte-tenu de la crise ne s’annonce pas si mal. Cependant, à l’inverse des TPE et PME du secteur classique, les entreprises d’insertion s’inquiètent plus de la pérennité de leur mission d’insertion que de celle de leur activité économique. 76% jugent l’avenir de leur entreprise incertain (61%) voire inquiétant (15%).
Les attentes concernant la réforme du financement de l’insertion par l’activité économique sont donc fortes car résident en elles le dernier espoir de sauver ce modèle d’entreprise qui chaque année salarie près de 50 000 chômeurs de longue durée, de jeunes sans qualification ou de bénéficiaires de minimas sociaux. Il en va de l’avenir de ces personnes et de celui de ces entreprises !
[1] Baromètre réalisé entre le 21 mars et le 27 mars 2013 auprès des entreprises d’insertion adhérentes au CNEI. Le taux de réponses s’élève à 40% des entreprises sollicitées.
[2] Indice du coût du travail, ICT, INSEE, indice 2002 = 79,7 ; indice 2012 = 111,2