Elle a mis de la couleur. Les murs blancs lui "rappelaient trop l’hôpital". Monique Kauff, dite "Moun", est installée depuis cinq ans dans un logement social grenoblois. Elle aime assez son "petit chez soi" pour avoir patienté deux ans avant d’acheter le papier peint à grosses fleurs dont elle rêvait pour son entrée - le temps qu’il soit en soldes. Et pour ne pas vouloir le quitter.
Le comité de suivi de la mise en oeuvre du droit au logement opposable (DALO) a demandé, vendredi 12 mars, aux pouvoirs publics de mettre fin aux expulsions de personnes prioritaires pour un relogement. "L’Etat déloge alors qu’il doit reloger selon la loi, c’est un scandale qu’on ne peut pas laisser perdurer", a affirmé Paul Bouchet, ancien président d’ATD Quart-Monde et membre du comité. Le sénateur UMP des Yvelines Dominique Braye, également membre, a, quant à lui, dénoncé "un gâchis monumental d’argent public" alors que 18 % des personnes qui recourent au DALO le font au titre de menaces d’expulsions.
En décembre 2008, pourtant, un licenciement, une séparation, de gros frais de santé... font basculer cette ancienne employée de banque. Elle rejoint alors les 500 000 ménages français qui cumulent des loyers impayés. Premier pas vers une possible expulsion. En 2008, selon les derniers chiffres fournis par le ministère de la justice, plus de 105 000 jugements d’expulsion ont été prononcés et plus de 11 000 familles ont été expulsées de leur domicile. Alors que la trêve hivernale s’achève lundi 15 mars, les associations estiment qu’en 2010 ce sont entre 30 000 à 40 000 ménages qui vont être mis dehors, avec ou sans concours de la police.