La crise a bon dos. Parmi la multitude d’entreprises, grandes ou moyennes, qui ont annoncé des suppressions de postes dans les mois à venir, certaines le font par pur opportunisme financier, comme le révèle notre tableau. Au regard de leurs résultats et bénéfices, leurs plans de licenciements n’ont rien à voir avec de quelconques difficultés économiques. Pendant que la crise sociale frappe à la porte de dizaines de milliers de salariés poussés vers la sortie, les gros actionnaires continuent de percevoir des centaines de millions d’euros de dividendes.
Parmi les vagues de licenciements ou de « départs volontaires » les plus massives, nous avons ciblé dix grandes entreprises et multinationales. Additionnés, les emplois qu’elles s’apprêtent à détruire représentent plus de 40% des 52.700 suppressions de postes annoncées ou redoutées[1] au 1er décembre 2008 (soit 22.357 victimes de « restructurations »). Loin de connaître les réelles difficultés économiques que rencontrent des centaines de PME, ces dix entreprises affichent un « résultat net » en 2007 qui oscillent entre 700 millions et 8 milliards d’euros. Le résultat net, c’est le patrimoine financier que l’entreprise a accumulé sur une année d’activité, une fois les salaires (y compris ceux des dirigeants) versés, les coûts de production déboursés, les éventuels investissements effectués, les bénéfices engrangés et les impôts acquittés. Ce résultat net sert ensuite soit à rémunérer les actionnaires, soit à renforcer les fonds propres de l’entreprise.