Une tribune d’Hervé Defalvard pour la Chaire ESS de Marne-la-Vallée [...] "Pour définir l’ESS, la loi a davantage écouté les chefs d’entreprise et la pensée des écoles de commerce que les économistes. Il en résulte un réductionnisme qui fait de l’ESS un autre mode d’entreprendre et non une autre économie. Ce biais tient moins d’ailleurs à un parti pris des concepteurs de la loi que de l’inintérêt des économistes pour l’ESS (voir l’étude de Ph. Frémeaux, 2013), qui explique ce rendez-vous manqué. Une économie, quelle qu’elle soit d’ailleurs, ne peut pas être définie par ses seules organisations productives.
Une économie est constituée par les relations (complexes) entre la production et la consommation. De la forme sociale de ces relations dépendra la nature du système économique, libéral, social-démocrate, socialiste, etc. Les comportements productifs sont largement façonnés par le type d’économie dans lequel ils se déploient. Ainsi, dans une économie du partage comme celle des domaines agricoles à Athènes à l’âge classique, la maximisation du profit ne fait pas sens. Dès lors que sa définition renvoie à une forme particulière d’économie, la question n’est plus de savoir si le Crédit Agricole, à côté d’Emmaüs, fait aussi partie de l’ESS.