Selon le juriste Lionel Maurel, derrière l’open source, c’est un questionnement économique et politique qui bouillonne.
Outil puissant et discret, le logiciel libre a façonné l’informatique mondiale. Mais les obstacles pour qu’il s’étende au reste de l’économie restent importants.
Quel bilan faites-vous de trois décennies de diffusion du logiciel libre ?
Lionel Maurel : C’est une immense réussite dans un certain domaine de l’Internet : les serveurs et les usages professionnels en général. Très peu d’entreprises se passent aujourd’hui des logiciels libres. Sans même avoir besoin de passer par une réforme législative, Richard Stallman (1) a donc réussi à renverser la logique du logiciel propriétaire. C’est plus mitigé au niveau des ordinateurs individuels, où le système d’exploitation libre Linux demeure minoritaire. Il est compliqué à utiliser et la « vente liée » – qui impose par défaut Windows ou MacOS lorsqu’on achète un ordinateur – oblige les utilisateurs à faire une action volontaire. Nous sommes donc dans une situation ambivalente : le logiciel libre est méconnu du grand public, alors qu’il est devenu une composante essentielle d’Internet.