Nucléaire / JO - annonce de la vente de 2 EPR à la Chine : Un simple effet d’annonce pour tenter de justifier la présence de M. Sarkozy aux Jeux Olympiques

Publié le

Nucléaire / JO - annonce de la vente de 2 EPR à la Chine : Un simple effet d'annonce pour tenter de justifier la présence de M. Sarkozy aux Jeux Olympiques

En réalité, il s’agit d’un contrat ancien... et très défavorable aux français :
- EDF n’a pas la minorité de blocage et sera soumis aux Chinois pendant… 50 ans
- Areva va devoir livrer à bas prix de l’uranium enrichi aux Chinois jusqu’en 2026

Le Réseau "Sortir du nucléaire" dénonce le véritable "coup de bluff" de l’Elysée pour tenter de "justifier" la présence de M. Sarkozy à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques au détriment de ses propres engagements sur la question des Droits de l’Homme. En réalité, le contrat en question, qui concerne l’exploitation de deux réacteurs nucléaires EPR, est une affaire ancienne et, surtout, constitue une véritable déconvenue : l’industrie nucléaire française et M. Sarkozy ont baissé pavillon devant toutes les exigences des Chinois.

De fait, contrairement à ce que prétendent les autorités françaises, ce contrat ne doit rien à la présence de M. Sarkozy à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques : c’est seulement la possibilité de faire un effet d’annonce, en direction de l’opinion publique française, qui a été accordée à M. Sarkozy par les Chinois, pour le récompenser d’avoir fait profil bas sur la question des Droits de l’Homme.

Avant tout, il convient de préciser qu’il s’agit encore et toujours des deux mêmes réacteurs EPR, dont la vente par Areva en novembre dernier a déjà été célébrée à plusieurs reprises par les autorités françaises, laissant croire à une partie de l’opinion que de nombreux réacteurs ont été vendus.

Mais surtout, malgré des négociations à rallonge et l’intervention du Président de la République Nicolas Sarkozy, EDF ne détiendra que 30% de la société commune crée pour exploiter les deux EPR. Or, la minorité de blocage étant à 33%, EDF devra se plier à toutes les décisions de China Guangdong Nuclear Power Holding Company (CGNPC), et ce pendant pas moins de… 50 ans, la durée du contrat. Une véritable humiliation.

De plus, lors de la signature de la vente des deux EPR en novembre dernier, Areva a aussi été contrainte de se plier aux exigences des Chinois : pour alimenter ces deux réacteurs, les français vont devoir livrer à CGNPC de l’uranium enrichi jusqu’en 2026, et ce à bas prix : sachant que l’uranium est en train de devenir une ressource de plus en plus recherchée, son prix va continuer à monter en flèche dans les années à venir, mais le prix de vente aux Chinois restera le même.

Par ailleurs, il faut rappeler qu’Areva a dû renoncer à vendre ses EPR "clés en mains" contrairement à ce qui avait été fait en Finlande. CGNPC, certainement édifié par les graves déconvenues du chantier de l’EPR finlandais, a relégué Areva au rang de simple fournisseur. Qui plus est, il ne faut pas oublier qu’Areva s’est fait souffler par l’américano-japonais Westinghouse, à la mi-décembre 2006, le vrai "contrat du siècle" pour la construction en Chine de quatre réacteurs.

Enfin, il faut noter que la vente des deux EPR reste à ce jour virtuelle car elle doit encore recevoir l’ultime approbation des autorités chinoises. Une annulation générale n’est pas à exclure. On le voit, la "campagne de Chine" tourne à la déconvenue pour le nucléaire français et pour M. Sarkozy. Si ce dernier était resté ferme sur la question des Droits de l’homme, l’honneur aurait été sauf et le bilan industriel et commercial n’aurait pas pu être pire…

Autres articles dans cette rubrique

Conseil d’État : ONG, journalistes, élus dénoncent le fichage abusif des anti-nucléaires devant la justice

Créé par le décret du 8 avril 2024 à l’initiative du Ministère de l’intérieur, le fichier de police intitulé ODIINuc vise à « la collecte et l’analyse des informations relatives aux personnes impliquées...

La France en route vers une nouvelle catastrophe nucléaire ?

Ce 26 avril 2024, près de 4 décennies après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, des actions antinucléaires régionales alertent sur les risques que continuent de représenter les centrales nucléaires...

close