Malgré la nécessité d’économiser l’énergie, la France vient une nouvelle fois de battre son record de consommation d’électricité avec une puissance appelée de 88,9 GW à 19h, lundi 17 décembre et de 88,2 GW, mardi 18 décembre à 19h. Pourtant, si les températures sont fraîches, elles ne sont pas extrêmes. Alors comment expliquer une telle consommation qui contraint la France à importer de l’électricité ?
Cette situation est la conséquence directe du « tout nucléaire » imposé en France depuis trente ans : pour légitimer la construction de 58 réacteurs, EDF et l’Etat ont mis en place le plus grand parc de chauffage électrique d’Europe [1], qui entraîne une surconsommation d’électricité et qui, par ailleurs, est un mode de chauffage ruineux pour les consommateurs. Le chauffage électrique qui obère le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres est d’ailleurs interdit au Danemark dans toutes les constructions neuves.
Le nucléaire, dont la production manque de souplesse, est incapable de répondre aux pointes de consommation dont il est pourtant responsable. De fait, quand il fait froid comme actuellement, il faut faire fonctionner des centrales au charbon et au fioul fortement émettrices de CO2, mais aussi importer au tarif fort de l’électricité depuis les pays voisins. Mais ces derniers pourront-ils toujours fournir l’électricité manquante à la France ? La France n’est-elle pas sous la menace d’une pénurie d’électricité en cas de nouvelles baisses de la température et/ou d’indisponibilité de moyens de production ?
Or, il est possible de sortir rapidement de cette impasse énergétique. Selon l’étude sur des sorties du nucléaire en 5 ou 10 ans publiée par le Réseau « Sortir du nucléaire » [2], une campagne vigoureuse d’économies d’énergie et d’énergies renouvelables sur 5 ans pourrait diminuer la consommation électrique de la France de 20 %. Pour cela, il faudrait lancer un programme d’isolation du bâti ancien et remplacer les équipements les plus gourmands en énergie (électroménager et éclairage) par des appareils sobres. Il faudrait aussi remplacer le chauffage électrique et les chauffe-eau électriques par des installations de chauffage utilisant la biomasse (bois, résidus de récolte, déchets organiques) et par des panneaux solaires thermiques.
Economies d’énergie et énergies renouvelables permettraient à la France d’améliorer réellement son indépendance énergétique et diminueraient sensiblement sa facture énergétique. Ces programmes créeraient en outre beaucoup plus d’emplois que la construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville, un investissement inutile et dangereux.
Il est plus que temps de changer notre manière de produire et de consommer l’énergie pour éviter ces pics de consommation et les risques de pénurie.
[1] 7 millions de ménages se chauffent à l’électricité en France.
[2] http://www.sortirdunucleaire.org/