L’enjeu de l’élection présidentielle ne se résume pas à la confrontation de personnes et de programmes. C’est également l’occasion de s’interroger sur la qualité de notre démocratie et sur sa capacité à mettre la société en mouvement, en incluant l’ensemble de ses membres.
L’élection présidentielle polarise toutes les attentions. On écoute les candidats, on scrute les stratégies, on décortique les programmes, on guette les faux pas… L’heure est réputée décisive : depuis 1958 pour certains, 1981 pour d’autres, nous n’aurions pas connu échéance plus capitale. Tout se passe comme si la société française s’approchait d’un point critique au-delà duquel rien ne sera plus comme avant.
Cette intensité n’a rien d’anormal ni de surprenant. D’une part, la dramatisation de l’échéance fait partie des conditions nécessaires à une grande délibération collective. D’autre part, la dernière élection présidentielle a laissé dans de nombreux esprits un profond sentiment de frustration. Mais cette situation se double d’une culture politique et d’un cadre institutionnel qui prêtent beaucoup au pouvoir politique et à l’Etat, et entretiennent plus ou moins confusément le mythe de l’homme providentiel, dût-il bientôt se -décliner au féminin. A tel point qu’on en oublierait presque les élections législatives qui suivront et dont l’issue n’est pas jouée.