La relance de la construction depuis trois ans ne résoudra pas le mal-logement. Car la politique actuelle privilégie une offre trop chère pour la majorité des ménages.
Miracle du calendrier électoral ou efficacité de la mobilisation citoyenne ? Une centaine de tentes sur le canal Saint-Martin et l’habileté médiatique des Enfants de Don Quichotte auront obtenu du gouvernement ce pour quoi les associations pour le droit au logement militaient depuis longtemps : un droit au logement opposable. Pour Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, cette mesure est rendue possible grâce à la politique menée depuis cinq ans : effort de construction sans précédent depuis vingt-cinq ans, relance de la construction de logements sociaux, plan national de rénovation urbaine pour les quartiers en difficulté, etc. « Il y a tromperie sur la marchandise », répond la Fondation Abbé Pierre, qui dénonce « une politique d’affichage où le chiffre prime sur les besoins sociaux ». De fait, si les mesures prises ont indéniablement relancé la construction, l’offre qu’elles encouragent est inaccessible à la majorité des ménages français. Elles ont attisé l’envolée des prix et laissé pour compte les plus démunis.