80% des Français, des Britanniques et des Allemands ont confiance en leurs associations
Seulement 9% des Français pensent que les associations disposent des financements nécessaires à la réalisation de leurs missions
L’environnement économique et financier et les inquiétudes qu’il suscite n’érodent pas le capital de confiance que les Européens ont de longue date placé dans leurs associations. Au contraire, ils la confortent. Un sondage exclusif de l’institut CSA [1], réalisé à la demande de Chorum, du Crédit Coopératif et de Deloitte/In Extenso, révèle en effet que les citoyens allemands, britanniques et français sont 80% à accorder leur confiance aux associations, bien plus qu’aux services publics (63%), aux syndicats (43%) et aux partis politiques (23%) de leur pays. La typologie dégagée de cette étude (voir annexe) fait apparaître que seule une très faible part de la population (4%) est réfractaire au monde associatif.
Une action largement reconnue
Confirmant l’indice de confiance remarquablement élevé, il est à noter que, dans les trois pays étudiés, 42% des personnes interrogées voient dans les associations les acteurs les mieux placés et les plus efficaces pour fournir ou délivrer des services sociaux, et ce devant les services publics (30%) et les entreprises (13%).
« Ces chiffres montrent que les associations ne jouissent pas seulement d’un capital de sympathie mais d’une confiance positive, valant reconnaissance de l’action et du rôle structurant du tissu associatif dans la vie sociale et, il ne faut pas l’oublier, dans la vie économique », estime Brigitte Lesot, directrice générale de Chorum. « Ce dernier point est mis en évidence par le fait que, dans les trois pays et alors que plane une menace de récession, 46% des citoyens souhaitent que les associations occupent une place encore plus significative dans l’économie. C’est encore plus marquant au Royaume-Uni où 59% des personnes interrogées expriment ce souhait. »
Des financements jugés insuffisants
Conscients du poids et du rôle concret des associations, les Européens estiment que ces organisations ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour mener à bien leurs missions. Ce manque de moyens est considéré comme structurel par 33% des sondés et comme ponctuel par 53%. Ils déclarent majoritairement – à 63% – que les pouvoirs publics devraient participer davantage au financement des associations, avec néanmoins des écarts d’un pays à l’autre puisque ce sentiment est exprimé par 57% des Français et 71% des Britanniques.
« Dès lors que les associations assurent des missions reconnues d’intérêt général par les citoyens, ces derniers trouvent légitime qu’elles bénéficient de financements publics », souligne Hugues Sibille, directeur général délégué au Crédit Coopératif. « Les craintes liées à la baisse de la participation financière de l’État doivent conduire l’ensemble du secteur associatif à considérer comme essentiel le chantier de la
diversification de ses modes de financements. Cette évolution budgétaire doit s’engager dès maintenant pour que les associations continuent à fournir des services sociaux de qualité. »
Une exigence de transparence et de performance
Dans les trois pays, une très large majorité de personnes interrogées apparaissent sensibles aux questions relatives à la qualité des informations financières qui sont diffusées par les associations, à l’efficacité de la gestion de leurs ressources et au bon fonctionnement de leurs instances de décision et de contrôle. On notera que près des trois-quarts des sondés encouragent leurs associations à poursuivre les progrès dans ce sens.
« Il ne faut pas voir de défiance dans l’exigence de transparence qu’expriment les citoyens vis-à-vis des associations mais, au contraire, l’expression de leur attachement à ce qu’elles font et représentent », estime Jean-Pierre Vercamer, associé Deloitte, en charge du secteur associatif : « Aujourd’hui plus que jamais, la fidélité des associations à leur objet social passe par leur capacité à rendre compte de l’utilisation des fonds qu’elles reçoivent, tant des pouvoirs publics que de donateurs privés. D’autre part, les dirigeants de ces structures sont conscients de la nécessité de poursuivre les efforts de professionnalisation qui permettent d’inscrire leur organisation dans la durée et de délivrer à leurs publics des services optimaux au meilleur coût. »
Zoom sur quelques spécificités françaises
Attachement fort aux services publics – Les Français sont très attachés à leurs associations, mais – et c’est une spécificité forte – accordent aux services publics un indice de confiance aussi élevé qu’aux associations (respectivement 76% et 77%). Ils ne sont que 7% à considérer que les entreprises privées sont mieux placées que les pouvoirs publics et les associations pour fournir des services sociaux efficaces.
Une participation insuffisante des pouvoirs publics – Les Français souhaitent voir les pouvoirs publics participer davantage au financement de la vie associative : en 2007, ils étaient 40% à juger cette participation insuffisante [2], ils sont 57% à le penser aujourd’hui. Cette évolution très rapide peut s’expliquer par l’inquiétude croissante des Français devant la crise internationale et ses conséquences possibles en France.
42% des Français considèrent que la participation des usagers au financement des associations est suffisante – ils sont cependant 33% à estimer que les usagers des associations pourraient contribuer davantage à leur financement, et cette proportion est en augmentation comparée à l’année dernière [3].
CINQ GRANDS POSITIONNEMENTS DES EUROPEENS A L’EGARD DES ASSOCIATIONS
L’analyse des données portant sur 7 questions concernant les associations et sur 10 variables de profil des 3044 Français, Britanniques et Allemands interrogés a conduit à distinguer 5 grands types d’européens, relativement à leur positionnement à l’égard du monde associatif [4] :
1. Les réfractaires (4%)
2. Les partisans de l’entreprise (10%)
3. Les sympathisants des associations (33%)
4. Les partisans des services publics (23%)
5. Les partisans des associations (14%)
Deux variables apparaissent particulièrement importantes pour expliquer la répartition des européens sondés en 5 groupes : la confiance à l’égard des associations et le degré de confiance à l’égard des services publics qui influence les formes de positionnement à l’égard des associations.
Deux groupes d’européens n’ont confiance, ni dans les associations, ni dans les services publics : ce sont les réfractaires et les partisans des entreprises. Ces deux types sont peu nombreux au total puisqu’ils ne représentent ensemble que 14 % des européens sondés.
Les trois autres groupes, les sympathisants des associations, les partisans des services publics et les partisans des associations, qui représentent ensemble 70 % des sondés, sont favorables aux associations et se différencient essentiellement entre eux par le niveau de la confiance qu’ils accordent aux services publics et par l’intensité et la forme de leur attachement aux associations.
1. Les réfractaires
Ils ne font confiance ni aux services publics, ni aux associations (33% n’ont pas confiance dans les associations [5]) ; mais ils ont encore moins confiance dans les partis politiques et les syndicats. Ils sont nombreux à penser que les associations ont les moyens nécessaires pour fonctionner, que la participation financière des Pouvoirs publics et des usagers est trop importante, qu’aucune structure – association, service public ou entreprise - n’est vraiment efficace pour rendre des services sociaux ; ils sont aussi particulièrement nombreux à estimer que les associations devraient faire des progrès dans la communication financière, la gouvernance et la gestion, et sont nombreux à souhaiter que le poids des associations diminue.
Le type constitué de réfractaires est très peu nombreux (4% des sondés), et compte, relativement plus souvent que les autres groupes, des retraités et des français.
2. Les partisans de l’entreprise
Tous les européens de ce groupe ont estimé que les entreprises étaient les plus efficaces pour rendre des services sociaux. Les partisans de l’entreprise n’ont pas très confiance dans les associations, et encore moins dans les services publics et les partis politiques ; ils estiment que les usagers pourraient participer financièrement davantage au service rendu. Ils sont particulièrement nombreux à estimer que les associations devraient mieux veiller au bon fonctionnement de leurs instances de décision et de contrôle et assez nombreux à souhaiter que leur poids se maintienne ou diminue.
Le groupe type constitué des partisans de l’entreprise, qui représente 1/10ème des européens sondés, compte de nombreux allemands, et il compte plus souvent que les autres groupes des hommes, des salariés du secteur privé et de personnes possédant un diplôme inférieur au bac.
3. Les sympathisants des associations
Ils ont confiance dans les associations, mais n’ont confiance ni dans les partis politiques, ni dans les syndicats, ni dans les services publics. Ils sont nombreux à penser que les associations sont les plus efficaces pour rendre des services sociaux, et assez nombreux à estimer qu’elles n’ont pas les moyens financiers qui leur sont nécessaires et que les usagers, mais surtout les pouvoirs publics devraient participer davantage à leur financement. Ils souhaitent en grand nombre que le poids des associations dans leur pays augmente, mais ils estiment aussi que les associations devraient mieux gérer leurs ressources, et faire des progrès concernant la qualité des informations financières et le fonctionnement de leurs instances de décision et de contrôle.
Ce positionnement vis-à-vis des associations est le plus fréquent puisque les sympathisants des associations représentent 33 % des européens sondés. Ce type compte relativement un peu plus de britanniques que les autres groupes, et il est constitué pour moitié par des personnes âgées de plus de 50 ans.
4. Les partisans des services publics
Les partisans des services publics font également confiance aux associations et aux services publics (90%) mais ils estiment que les services publics sont les plus efficaces pour rendre des services dans le domaine social. Ils sont relativement nombreux à considérer que les associations ont les moyens nécessaires pour fonctionner, même si elles manquent aussi parfois de financement ; ils estiment dans leur plus grand nombre que la participation financière des pouvoirs publics et des usagers est suffisante, et que les associations devraient faire plus de progrès en matière de gestion, de communication financière et de gouvernance.
Les partisans des services publics sont nombreux (23% des sondés) et comptent plus
souvent des français et dans une moindre mesure des allemands. Les jeunes de moins de 30 ans, les titulaires de revenus moyens, les célibataires et les personnes ayant un diplôme au moins égal au baccalauréat y sont plus nombreux qu’ailleurs.
5. Les partisans des associations
Ce groupe est composé des personnes qui adhèrent le plus fortement au modèle associatif. La confiance à l’égard des associations est aussi forte que celle des partisans des services publics (90%) mais les partisans des associations estiment que les associations sont les plus efficaces pour produire des services sociaux. Ils sont nombreux à considérer que les associations n’ont pas les moyens nécessaires pour bien fonctionner et que la participation financière des usagers est insuffisante. Ils sont particulièrement nombreux à souhaiter que le poids du secteur associatif augmente à l’avenir et sont plus souvent satisfaits de la communication financière, de la
gouvernance et de la gestion des ressources des associations, en estimant qu’elles n’ont pas de progrès à réaliser dans ces domaines.
Les partisans des associations représentent 14% des européens sondés ; ce groupe est constitué pour moitié par des britanniques et les femmes y sont majoritaires ; les personnes d’âge moyen (30 à 49 ans), les salariés du public, les revenus élevés, les parents d’enfants, et les personnes ayant un diplôme supérieur au baccalauréat y sont plus nombreux que dans les autres groupes
[1] « Que pensent les européens de leurs associations ? », sondage exclusif CSA/CHORUM/ CREDIT COOPERATIF/DELOITTE réalisé par téléphone du 8 au 17 septembre 2008 auprès de trois échantillons nationaux représentatifs – 1 002 Français, 1 036 Britanniques et 1 006 Allemands âgés de 18 ans et plus – selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille – profession de la personne interviewée en Allemagne-) après stratification par région.
[2] Ibid.
[3] Sondage CSA/CREDIT COOPERATIF/DELOITTE In Extenso, réalisé en novembre 2007 auprès d’un échantillon représentatif de 1000 français âgés de 18 ans et plus.
[4] 16% des sondés ne se sont pas prononcés sur les thèmes et les questions qui leur été proposés . Il s’agit plus souvent dans les trois pays de personnes retraitées ou exerçant des emplois mal identifiés,, souvent plus âgées , sans diplôme
[5] A noter que même chez les réfractaires, la confiance dans les associations restent relativement importante