Reprenant les analyses féministes sur le travail domestique, la sociologue réinterroge l’exploitation des bénévoles, volontaires du service civique, stagiaires et autres blogueurs dans son ouvrage Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? (Textuel), s’appuyant sur plusieurs enquêtes de terrain réalisées en France et aux États-Unis.
Comment définiriez-vous le travail gratuit, sachant que, pour vous, il ne s’agit pas juste de travail non rémunéré ?
Maud Simonet J’ai repris la notion de travail gratuit qui apparaît dans l’approche féministe du travail domestique. Le travail gratuit, ce n’est pas juste du travail moins une rémunération. Il résulte, en fait, d’un déni du travail, d’une non-reconnaissance des travailleurs, et surtout des travailleuses, qui sont reconnues comme autre chose. Dans le cadre du travail domestique, elles sont reconnues comme femme, comme épouse, comme mère. Au nom des valeurs pour lesquelles ils, ou elles, accompliraient ces activités, ils, ou elles, ne sont pas reconnu(e)s comme travailleur ou travailleuse, mais comme bénévole, jeune en service civique, stagiaire, allocataire de l’aide sociale au workfare (1). Toutes ces formes d’activité ne sont pas considérées comme du travail parce qu’elles sont reconnues comme de la citoyenneté, du militantisme, de la formation, de la réinsertion, etc. Ces personnes sont donc invisibilisées en tant que travailleurs et, du coup, elles se situent en dehors du droit du travail, de la protection sociale et de la rémunération.