L’Assemblée nationale, lors de la lecture publique du projet de loi de finances 2018, n’a pas validé le maintien des réductions d’impôts liées à l’actionnariat solidaire sur l’IFI.
Cette suppression de l’incitation fiscale à l’actionnariat fiscal remet en cause le modèle social de Habitat et Humanisme.
Bernard Devert - Habitat et Humanisme - a rédigé une lettre ouverte aux parlementaires, la voici :
Mesdames, Messieurs les Parlementaires, ne boudez pas l’économie qui protège.
Un des paris du Gouvernement est de réduire pour réussir, d’où des coupes sombres, drastiques, dans les budgets.
Les aides pourtant ne sont pas toutes des charges. D’aucunes sont, non seulement une nécessité, mais aussi une chance de fertiliser le champ de l’économie dans la perspective de ne point laisser pour wcompte ceux qui ont tout perdu, à commencer par le logement et le travail.
Quand la priorité est donnée aux plus fragiles, la Société trouve un apaisement que confèrent l’attention à l’équité et le respect de ceux que la vie blesse. Nous sommes là au cœur de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) qui, sans faire de bruit, fait du bien pour être un des vecteurs réduisant la déchirure sociale.
Cette nouvelle économie, que trop considèrent comme un ‘hôpital de campagne’, ne fait pas que panser les blessures mais les prévient. Elle n’est pas seulement réparatrice mais transformatrice, évitant bien des naufrages.
Finansol, dans son dernier communiqué de presse, précise combien les entreprises solidaires ont largement démontré leur efficacité au service des territoires pour avoir créé ou consolidé – et je la cite – 49 000 emplois, essentiellement d’insertion, et loger 5 500 familles.
L’impact de cette économie est majeur. Aussi, l’Etat doit-il accompagner ceux qui investissent au nom d’une solidarité concourant à un pacte social, visant la protection des plus vulnérables.
Tout changement est difficile, et même insupportable, pour les personnes déjà en rupture ; ainsi, s’imposent des mesures pour que ces moments chahutés ne les emportent pas dans un plus grand chaos. ; l’ESS est une ‘bouée’ qui ne saurait leur être retirée. Ne témoigne-t-elle pas, sans contestation possible, d’un investissement éloigné de la fébrilité de gagner toujours plus et plus rapidement.
Les actionnaires des entreprises solidaires ne recherchent pas ce qui leur est le plus profitable mais ce qui l’est pour les oubliés de la Société. Un tel constat mérite une prise en considération de ce formidable et constant effort qui honore les valeurs de la république.
Une telle perspective, qui n’est pas étrangère à la politique du Chef de l’Etat, doit conduire le Parlement à accueillir les amendements présentés, notamment par Finansol, après concertation avec les acteurs de l’ESS.
Les changements recherchés et, à partir desquels s’est opérée l’élection d’Emmanuel Macron, exigent du temps, ce que n’offre pas la financiarisation de l’économie pour se rappeler que la durée de détention des actions de grandes sociétés est de 22 secondes, si l’on tient compte des opérations de training.
Les actionnaires de sociétés solidaires conservent leurs titres de longues années, abandonnant leurs dividendes pour les affecter à cette part contributive au recul de la pauvreté.
Cet investissement construit un autrement et permet à bien des personnes de se reconstruire. Il offre à la société un espace vital, un souffle de par des engagements qui ne relèvent pas d’un marché parfois brutal mais d’un échange, chacun comprenant que là où l’économie est éloge du partage, s’éveille le ‘déjà-là’ d’un avenir réconciliant les antagonismes.
Ne point s’affranchir de cette sagesse c’est veiller à ce que l’économie sociale et solidaire soit accompagnée par la Nation dans des conditions très mesurées : 10 M€, sans commune mesure avec les ouvertures qu’elle autorise.
Mesdames, Messieurs les Députés et Sénateurs, entendez l’émerveillement de ceux qui ont pu ainsi être aidés. Ne leur refusez pas votre soutien. Je vous en remercie.
Bernard Devert
Octobre 2017