Lors de sa venue à Paris, début février, Mohammad Yunus a été accueilli comme une rock star au Palais des congrès. Photographes et porteurs de caméra se battaient pour immortaliser le Prix Nobel de la paix 2006, créateur de la banque de microcrédit Grameen Bank. Des milliers de dirigeants d’entreprises, entrepreneurs, banquiers, et autres cadres dirigeants s’étaient déplacés pour entendre la bonne parole de celui qui exhorte à investir socialement, pas financièrement. Les étoiles d’hier - les stars de la finance - sont clouées au pilori. Leurs rémunérations mirifiques sont devenues suspectes, voire condamnables.
Dans les salles de marché et les grands groupes, les esprits continuent de s’échauffer à l’idée de limiter les rémunérations de leurs traders et autres professionnels de la finance. Ils craignent que ces dispositions fassent fuir ces experts vers des pays plus accommodants. Pourtant, ne serait-il pas plus logique de tout mettre en oeuvre pour retenir non plus les stars d’hier, mais celles d’aujourd’hui ? Les stars de l’innovation sociale plutôt que celles de l’innovation financière ? Promouvoir les deux ne semble guère compatible. Ces deux catégories d’acteurs ont en effet des comportements, des aspirations - gagner toujours plus, pour les uns, partager un peu plus, pour les admirateurs de M. Yunus - aux antipodes.