Les Ministres n’ont toutefois pas atteint la majorité qualifiée requise
pour empêcher l’autorisation d’un autre maïs GM, le maïs MON863 de
Monsanto, qui a provoqué d’après les études menées par le géant des
biotechnologies Monsanto, des atteintes inexpliquées aux reins des rats
nourris avec ce maïs. Monsanto a refusé de livrer tous les résultats de
ses propres tests sur cette plante OGM.
Pour Christian BERDOT, animateur de la campagne OGM des Amis de la
Terre-France : « Si la Commission se plaignait de ne pas avoir de ligne
de conduite clairement définie par les Etats membres sur les OGM, ce
n’est plus le cas aujourd’hui. Les Etats membres viennent d’exiger
d’avoir le droit souverain d’interdire des plantes OGM, si des questions
concernant leur innocuité sont soulevées. Maintenant la Commission est à
la croisée des chemins : va-t-elle enfin écouter l’avis des Etats
membres et la volonté des citoyens européens ou, va-t-elle continuer sa
politique anti-démocratique d’imposition de plantes et d’aliments OGM à
une Europe qui n’en veut pas ? Il est temps que la Commission se remette
au service des citoyens européens et prennent toute mesure nécessaire
pour les protéger de plantes et d’aliments OGM indésirables. »
Depuis 1997, cinq pays européens ont interdit différentes plantes
transgéniques (OGM agricoles) pour des raisons de sécurité[1]. La
Commission a demandé à tous les membres de voter sur sa proposition
d’exiger de ces cinq pays qu’ils lèvent leurs interdictions dans un
délai de 20 jours [2]. Aujourd’hui les ministres ont voté très
majoritairement en faveur de la continuation de ces interdictions.
On considère généralement que les propositions de la Commission sont une
conséquence directe de la plainte auprès de l’Organisation Mondiale du
Commerce, déposée par les Etats-Unis, le Canada et l’Argentine en 2003.
Ces pays, tous trois gros producteurs de plantes GM prétendent que la
position basée sur le principe de précaution vis à vis des OGM, y
compris les interdictions nationales, sont un obstacle au libre échange
et font du tort à leurs agriculteurs. L’OMC devrait donner un avis
intermédiaire en août.
Le vote des ministres pose très clairement la question de la crédibilité
de l’Agence Européenne de la Sécurité Alimentaire. L’an dernier l’AESA
prétendait que les interdictions nationales n’avait aucune base
scientifique. Les Amis de la Terre qui ont été très critiques face à
l’attitude pro-OGM de l’AESA et de ses liens étroits avec l’industrie
des biotechnologies demandent aujourd’hui qu’une enquête en profondeur
sur l’indépendance et la qualité scientifique de l’AESA soit menée[3].