Si la question nous intéresse aujourd’hui, c’est que le modèle du mutualisme est confronté à des défis suffisamment significatifs pour qu’on s’inquiète de savoir si les transformations en cours se contenteront, comme les autres, de le faire simplement évoluer ou si elles préparent sa dissolution. D’une certaine manière, toutes ces transformations tiennent en une question éthique, que je formulerais ainsi : mutualisme de conviction et mutualisme d’opportunisme se vaudront-ils ?La question me semble en effet s’imposer devant le double constat suivant : d’une part l’érosion du modèle mutualiste par le détournement et l’affaiblissement de ses valeurs et, d’autre part, le recul sensible de l’esprit militant depuis les années 1970-1980, du fait d’une montée de l’individualisme.
Si on veut aller très loin dans l’histoire, on peut dire que le tissu mutualiste s’organise dès le Moyen Âge à partir des confréries, des corporations et du compagnonnage. Ces trois formes d’organisation ont jeté les bases des premières formes d’entraide. Ensuite, plusieurs familles de pensée ou tendances politiques ont conceptualisé des pensées et développé des actions autour de la mutualité. Le mouvement mutualiste plonge ses racines dans des cultures très diverses, ouvrières et religieuses, et des courants de pensée parfois aux antipodes les uns des autres. De ces différentes obédiences, le mutualisme contemporain a gardé4 fondements idéologiques:l’ancrage territorial(et donc la proximité avec les sociétaires) ;la solidarité ;la recherche du service avant celle du profit ;la démocratie, symbolisée par le principe « un homme =une voix ».