Cet article, destiné à un lectorat militant, propose une courte synthèse des travaux sur le « burn-out militant », que nous pouvons traduire par « épuisement militant ». Il cherche à répondre à deux questions principales. Qu’est-ce que le burn-out militant ? Comment faire en sorte que les individus qui s’engagent ne soient pas consumés par leur engagement et puissent continuer à (tenter de) changer le monde sans s’esquinter la santé ? Après un travail de définition, soulignant les spécificités du travail militant, cette contribution esquisse quelques propositions pour tenter d’éviter ce phénomène dont les causes sont en grande partie organisationnelles.
En juin 2019, l’activiste Anaïs Bourdet décide d’arrêter la page Tumblr « Paye ta Shnek » (PTS), qu’elle anime depuis sept ans, où elle recueille les témoignages de femmes victimes de harcèlement dans la rue. Dans un entretien donné au journal Libération, elle explique que, suite à de nouvelles agressions sexistes dont elle a été témoin et victime, elle n’a plus la force de continuer. Son seuil de tolérance, face à son impossibilité de changer le réel, a été atteint : « Je n’ai pas cru que j’allais régler le problème du harcèlement avec PTS, mais le fait de ne pas observer d’amélioration, c’est le genre de chose qui t’amène au burn-out. »
Burn-out. Le mot est lâché.