La moitié des mineurs de l’aide sociale à l’enfance souffre de troubles psychiques . C’est cinq fois plus que la moyenne nationale. Alors que la gestion des traumatismes est indispensable pour construire leur destin d’adulte, la santé mentale est pour eux la dernière des priorités.
Un enfant sur deux pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) souffre d’au moins un trouble psychique, souvent en conséquence des traumatismes vécus : stress post-traumatique, maltraitance, violences physiques, verbales ou sexuelles, abandon… L’accueil en établissement ou en famille est en lui-même difficile : il perturbe l’attachement, limite le contrôle des enfants sur leur propre vie et entraîne des déplacements fréquents. Malgré l’ampleur de ces défis, l’accès à un soutien psychologique est rare et complexe.
Le manque d’informations quantitatives sur la santé mentale des enfants de l’ASE complique l’analyse en la matière. Les études spécifiques sont quasiment inexistantes ou limitées à une zone géographique, alors que l’ASE concerne 377 000 enfants et mobilise un budget de 10 milliards d’euros. À l’heure où l’ASE est au cœur de plusieurs drames et où une commission d’enquête de l’Assemblée nationale s’était créée pour se pencher sur ses défaillances, il est essentiel de reconnaître que les soins psychiques, loin d’être un luxe, sont un besoin fondamental. Ils constituent la base indispensable pour surmonter les traumatismes et permettre à ces enfants de se construire un avenir adulte. Comment espérer avancer sans traiter les troubles passés et les difficultés liées au placement ? Comment croire que des enfants confrontés à l’inceste, au viol, aux coups ou à l’abandon puissent, sans suivi psychologique, laisser derrière eux l’horreur et s’épanouir ? Pourquoi, pendant le placement, les soins psychologiques sont-ils si difficiles d’accès ?