Trois ans après leur entrée dans la vie active, les jeunes de la Génération 2017 ont vu leurs débuts professionnels bousculés par le confinement. Interrogés quelques mois après, un tiers d’entre eux déclare que la crise les a conduits à repenser leur projet professionnel. Est-elle vraiment un facteur déterminant de ce désir de réorientation ? En quoi le confinement a-t-il modifié la situation et les conditions d’emploi de ces jeunes ? Les nouveaux résultats de l’enquête Génération apporte des premiers éléments de réponse.
Un impact plutôt limité du confinement sur la situation d’emploi…
- Le premier confinement a provoqué un recul de 2,8 points du taux d’emploi de la Génération 2017. Les mesures prises pour préserver l’emploi et le rebond estival ont permis d’amortir le choc puisque 92 % des jeunes en emploi en mars 2020 le sont toujours en septembre 2020.
- Pour autant, le travail a été souvent perturbé et 27 % ont même dû cesser de travailler tout en conservant leur emploi. Ceci est surtout valable dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration où 61 % des jeunes de la Génération 2017 ont dû cesser de travailler.
- Les cadres ont rarement cessé de travailler (10 %). Ceci s’explique principalement par le recours massif au télétravail qui a concerné 88 % des cadres contre seulement 26 % des employés.
- Par ailleurs, 44 % des jeunes employés dans le secteur privé ont bénéficié du chômage partiel. Il a conduit à un tassement du revenu pour un quart de la Génération 2017.
- Pour ceux qui n’étaient pas en emploi à l’aube du premier confinement, 27 % étaient en position favorable pour y accéder.
…mais plus d’un jeune sur trois a repensé son projet professionnel suite à la crise sanitaire
- Le niveau de diplôme est ici non clivant : cela concerne 37 % des non-diplômés, 30 % des détenteurs d’une licence professionnelle ou encore 38 % des diplômés d’école d’ingénieur ou de commerce.
- C’est la situation sur le marché du travail en mars 2020 qui apparaît déterminante : environ 45 % des jeunes au chômage ou auto-entrepreneurs disent avoir pensé à une réorientation contre seulement 32 % des jeunes en emploi et 14 % pour les fonctionnaires.
- La situation vécue au premier confinement influe aussi sur le souhait de se réorienter : 39 % de ceux n’ayant pas pu travailler lors du confinement ont repensé leur projet professionnel contre 23 % pour ceux ayant poursuivi leur activité.
- Plus la situation d’activité initiale a été déstabilisée, plus on a cherché à revoir son projet professionnel.
- Mais la variable qui apparaît le plus liée au souhait de réorientation est le degré d’inquiétude par rapport à l’avenir professionnel : les plus inquiets sont 63 % à avoir repensé leur projet professionnel suite à la crise sanitaire contre seulement 25 % des plus optimistes.
Le fait que les jeunes les plus enclins à repenser leur projet professionnel soient ceux qui sont le moins optimistes quant à leur avenir professionnel et ceux en situation de recherche d’emploi laisse penser qu’il s’agit là d’une stratégie défensive. Il existe des déterminants sociaux dans l’accès aux dispositifs publics mobilisables pour accompagner les souhaits de reconversion, et les contextes dans lesquels ces souhaits émergent ne sont pas neutres sur les chances de succès. Les jeunes de la Génération 2017 qui déclarent souhaiter se réorienter en raison de la crise sanitaire vont-ils parvenir à trouver les ressources nécessaires pour changer de voie ? Réponses en 2023, lorsque cette Génération sera à nouveau interrogée.
La crise sanitaire suffit-elle à expliquer les souhaits de réorientation des jeunes ?
Stéphane JUGNOT et Mélanie VIGNALE
Céreq Bref n°424, 2021, 4p.