ATOL a pris la parole récemment pour annoncer une relocalisation d’activités. Pourquoi aviez-vous décidé de délocaliser ?
En tant que distributeurs, notre activité est locale et nous vendons surtout les marques d’autres producteurs. Mais dans le cadre de notre développement, nous voulions aussi avoir notre marque propre. C’est pourquoi nous avons signé en 2004 un contrat de licence avec TF1 pour commercialiser nos lunettes sous la marque Ushuaïa. Mais quand nous avons été voir les producteurs en France, notre projet n’a pas trouvé d’écho. Ils ne nous ont pas cru quand nous leur avons annoncé nos prévisions de volumes alors que nous avions deux fois moins de magasins qu’aujourd’hui. Le choix de produire en Chine résulte donc uniquement de l’impossibilité de trouver des producteurs pour nous suivre en France.
Et pourquoi relocalisez-vous aujourd’hui ?
Le bilan est décevant car on ne trouve pas en Chine la qualité et le design que l’on veut. Nous avions en particulier un problème sur les couleurs des montures avec un bleu qui changeait un jour après avoir été injecté. En outre, la fabrication en Chine impliquait de prévoir des délais de livraison de trois à quatre mois. On est donc revenus un an après voir nos fournisseurs français. Une entreprise jurassienne de Morbier dont nous diffusions les produits a accepté de nous suivre sur les lunettes métal. En septembre 2006, on a renouvelé pour trois ans notre contrat de sous-traitance. On a sorti notre première collection qui a bien marché. On a donc fait la même chose avec le plastique en signant avec un producteur d’Oyonnax dans l’Ain. La première série est sortie en octobre 2006. Le site de Morbier compte 200 personnes et le site d’Oyonnax compte 100 personnes. Aujourd’hui, la marque Ushuaïa, c’est 50 000 paires de lunettes et 5% de notre chiffre d’affaires. On démontre qu’on peut produire en France et être compétitifs.
L’interview Philippe Peyrard - Directeur Général Délégué d’ATOL Group aborde l’enjeu de la mondialisation auquel sont confronté les coopératives.
Nous pouvons donc nous interroger sur la faà§on de
cf dossier en ligne téléchargeable "les SCOP face à la mondialisation"
Citons l’exemple nantais : En 1996, Moulin Roty a choisi de créer une filiale à Hong Kong.
Il aurait été plus rentable de prendre un importateur, dans le but de réduire le coà »t de production, mais la SCOP a préféré créer une filiale en engageant deux personnes franà§aises afin qu’elles contrôlent les bonnes conditions de production sur place : notamment, que les ouvriers chinois ne travaillent pas plus de 9 heures par jour, comme l’encadre la législation chinoise.
De plus, Moulin Roty accepte les prix chinois sans les négocier afin que les usines n’exercent aucune pression sur les conditions de travail des ouvriers.
Paradoxalement, ce choix de partenariats avec l’étranger lui a aussi permis d’embaucher seize personnes en France en se spécialisant localement sur la création et la commercialisation. Cf articles de presse sur Moulin Roty
Vaste sujet o๠les débats sont ouverts… La mondialisation de l’économie sociale existerait-elle ?
Carole Voisine (Ressources Solidaires)
carole.voisine ressources-solidaires.org