L’humanitaire véhicule certains fantasmes de toute-puissance

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L'humanitaire véhicule certains fantasmes de toute-puissance

Rony Brauman est engagé depuis trente ans dans l’aide internationale avec Médecins sans frontières. A travers l’expérience de ses missions, il raconte notre époque, celle où les victimes tiennent le rôle des héros et où les guerres se font au nom de l’humanitaire.

Votre dernier livre "Penser dans l’urgence" consacre une place importante au rôle que la figure de la victime a pris dans nos sociétés. Comment analysez-vous ce phénomène ?

La mémoire et l’histoire des grands crimes du passé ont évidemment leur place dans le présent. L’esclavage, le colonialisme, les génocides, les guerres font partie de notre héritage commun, ils doivent être enseignés et commémorés. Mais tout se passe comme si une panne du politique, une incapacité à se projeter dans l’avenir, nous ramenait vers un ressassement morbide du passé. L’essor de l’humanitaire au cours de ces deux dernières décennies est à comprendre aussi comme le signe de cette carence.

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