Jacques Attali, Martin Hirsch et Maria Nowak dressent un bilan des initiatives pour lutter contre la pauvreté en 2010. Alors que la microfinance a été ébranlée par les scandales en Inde et la crise économique, un nouveau modèle de lutte contre la pauvreté se développe : le social business.
Combattre la pauvreté autrement que par le don, le microcrédit s’y attelle depuis plus de trente ans. Les institutions de microfinance (IMF) accordent des services financiers, principalement des prêts de taille réduite mais également l’épargne ou l’assurance, aux exclus du système bancaire formel. Les microentrepreneurs ont ainsi les moyens de créer leur propre entreprise, d’améliorer leurs conditions de vie et peut-être de créer des emplois. Mais l’année qui vient de s’écouler a été celle de toutes les difficultés pour ce modèle dont bénéficie 150 millions de microentrepreneurs dans le monde.
On a été choqué par les dénonciations de cette pression du microcrédit dans de nombreux medias. Il fallait répondre, expliquer justifier.
Alors que "rien de grand (ou d’important) ne s’accomplit sans passion", ainsi en est-il dans la responsabilité collective : lorsqu’un groupe se forme pour construire une solidarité au bénéfice de ses membres individuels. La proximité à mon avis plus saine de bailleurs voisins de l’emprunteur (plutôt que de recourir au crédit plus lointain, distinct), ne supprime pas la tension intrinsèque entre ceux qui épargnent et prêtent et ceux qui "emploient" ces ressources et les empruntent. Au contraire : le lien affectif de l’individu avec ses pairs solidaires est plus fort qu’avec un créancier éloigné, différent. Et la sanction, l’opprobre collective des proches est plus dure que la sanction du bailleur étranger, lointain, dans le cas o๠l’entrepreneur-emprunteur n’arrive pas à ses fins (créer, construire et rembourser sa collectivité).
Hélas même le nouveau microcrédit est influencé par nos habitudes qui ont fait s’éloigner celui qui nécessite (pour agir) et celui qui épargne (et peut faire fructifier), et se distendre le principe de solidarité d’une collectivité d’êtres humains, à mon avis, c’est là que le "nouveau microcrédit" a pêché.