Acteur associatif indépendant, l’Observatoire international des prisons - section française (OIP) connaît de sérieuses difficultés financières susceptibles de réduire considérablement sa capacité d’intervention. L’association en appelle au soutien de toutes et tous pour lui permettre de maintenir ses actions.
Garde-fou essentiel pour le respect des droits humains, et contre toutes les formes d’abus et d’arbitraire subies par les personnes détenues, l’OIP rencontre aujourd’hui des difficultés financières majeures dans un contexte général de fragilisation de l’ensemble du secteur associatif.
L’OIP a ainsi perdu 67 % de ses subventions publiques en dix ans. Les aides de l’État et des collectivités territoriales, qui comptaient en 2014 pour plus de la moitié de ses ressources, en représentent aujourd’hui moins de 20%. Le montant cumulé des subventions publiques allouées sur une année à l’OIP est ainsi passé de 424 211 euros à 135 107 euros.
Outre la réduction des moyens de certains acteurs publics, plusieurs défections s’expliquent aussi par le choix délibéré de ne pas soutenir une association qui peut déranger par ses dénonciations et luttes inlassables contre l’indignité des conditions de détention et les atteintes aux droits fondamentaux des personnes détenues. La dernière en date concerne le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui a supprimé en 2022, sans explication, la subvention accordée depuis de nombreuses années. Comment justifier que même la réédition du Guide du Prisonnier, principal ouvrage d’information aux droits des personnes détenues diffusé gracieusement dans les établissements pénitentiaires, et dont l’immense majorité du monde prison-justice loue le caractère indispensable en détention, soit ainsi ignorée par cet organisme ?
Jour après jour, l’OIP s’emploie à informer et alerter les pouvoirs publics et acteurs concernés sur les manquements aux droits fondamentaux, à mener des actions judiciaires pour les faire cesser, à accompagner, via sa permanence informative et juridique quotidienne, plusieurs milliers de personnes détenues dans la compréhension et l’accès à leurs droits. Son expertise sur l’ensemble des problématiques du milieu carcéral est reconnue et sollicitée par les institutions, parlementaires, corps d’inspection, etc., et ses publications sont considérées comme des sources d’information de référence. Dans un contexte où les politiques pénales constituent l’un des marqueurs dominants de la matrice sécuritaire prônée par une partie de l’échiquier politique, l’OIP porte diverses actions de sensibilisation en vue de contribuer à informer et éclairer une opinion de plus en plus malmenée.
Alors que la France est régulièrement condamnée pour ses conditions indignes et inhumaines de détention par des juridictions nationales et internationales saisies par l’OIP, que la surpopulation carcérale atteint des niveaux records chaque mois, amplifiant les nombreuses atteintes aux droits des personnes détenues, et que la construction de nouvelles places de prison continue, aveuglément, de constituer la principale réponse apportée, l’OIP doit plus que jamais poursuivre sa mission.