Depuis plus de 10 ans, la santé des jeunes n’a jamais été placée au cœur des politiques de Santé publique. Pendant la campagne
présidentielle, François HOLLANDE a souhaité n’être jugé que sur la justice et la jeunesse. Deux priorités qui ont amené les jeunes à le
soutenir très majoritairement. Si quelques premières mesures positives ont été mises en œuvre comme l’accès gratuit des 15-18 ans
à la contraception, leur périmètre trop restreint ne leur permet pas de constituer la politique de jeunesse ambitieuse à même
d’améliorer durablement leurs conditions sanitaires et sociales. Les jeunes attendent aujourd’hui de nouvelles perspectives d’avenir.
Le changement doit désormais se concrétiser ! La santé des jeunes compromise par la crise
Ceux qui ont vu leur pouvoir d’achat lourdement entamé par la crise n’ont aujourd’hui plus les moyens de se soigner. Si la grande
majorité des étudiants déclare être en bonne santé, plus d’1 sur 3 a renoncé à se soigner (34%), dont 29% pour des raisons financières.
En moyenne, l’Assurance Maladie ne rembourse plus qu’1 € sur 2 dépensés, faisant reposer le reste à charge sur la responsabilité
individuelle. Dès lors, être couvert par une complémentaire santé devient indispensable pour être correctement protégé, alors même
qu’1 étudiant sur 5 n’a pas les moyens d’en disposer (19% contre 13% en 2005). L’assujettissement des mutuelles à la Taxe Spéciale
sur les Contrats d’Assurance (TSCA), maintenue par le nouveau gouvernement, a renchéri le coût des complémentaires santé,
aggravant cette situation déjà alarmante et privant de nombreux jeunes d’une couverture sociale complète.
Sortir du statu quo pour répondre aux besoins des jeunes
Dans un contexte de crise forte et durable, le maintien d’un statu quo dans les politiques sanitaires ne permet pas d’enrayer
l’aggravation du renoncement aux soins chez les jeunes. Il y a urgence à agir et à changer de cap dès maintenant pour rompre avec
cette spirale infernale, sous peine d’hypothéquer l’avenir de notre génération.
La LMDE revendique la mise en place d’une politique ambitieuse et cohérente au travers d’un plan d’ampleur visant à améliorer l’accès
aux soins et à l’autonomie sanitaire des jeunes, dont les premières mesures doivent être :
Une approche jeunesse dans la Loi de santé publique prévue pour 2014, tenant compte des attentes et besoins spécifiques des
jeunes, notamment en matière de prévention. Aujourd’hui, ce sont moins de 2% des dépenses de santé qui sont consacrées à la
prévention alors qu’il s’agit d’un investissement permettant d’améliorer durablement l’état de santé de tous.
La généralisation du tiers payant et l’interdiction des dépassements d’honoraires pour les moins de 28 ans afin de lever les
barrières financières à l’accès aux soins des jeunes. Public peu solvable et précaire, il n’est pas acceptable que les jeunes reportent
des soins ou y renoncent du fait des surcoûts qui leur sont imposés.
L’exonération de la TSCA pour les jeunes pour faire baisser le coût des complémentaires santé. Aujourd’hui, sur chaque cotisation
de 100€, plus de 13€ sont consacrés au paiement de taxes. Notre santé est donc plus taxée qu’un hamburger !
La mise en place d’un chèque santé national d’un montant de 200 € pour tous les étudiants, condition indispensable de
l’amélioration de l’accès aux soins des jeunes qui sont les grands oubliés de la généralisation de la couverture complémentaire
introduite par l’ANI pour certains salariés. Déjà mis en place dans 12 régions, les chèques santé ont fait la démonstration de leur
efficacité. Il faut désormais étendre ces dispositifs au niveau national afin de permettre à chaque étudiant d’en bénéficier, quelque
soit son lieu d’étude.
La poursuite de la transformation des Médecines Préventives Universitaires en Centres de santé polyvalents, pour atteindre
l’objectif d’un centre de santé par ville universitaire, afin de rapprocher les professionnels de santé des étudiants et de garantir
pour tous l’accès à des consultations aux tarifs de base de la Sécurité sociale.
Nous refusons que notre génération soit reléguée aux marges de la Protection sociale. Nous demandons la suppression des obstacles
privant les jeunes de l’accès au droit commun (à l’image du RSA et de l’ACS) et la mise en place d’un statut social protecteur pour la
jeunesse, nous garantissant de nouveaux droits propres à répondre à nos besoins de santé et à notre aspiration à l’autonomie. Nous
réclamons au nom de notre génération, le droit de bénéficier des protections collectives qu’ont construit et dont ont bénéficié nos
parents. Nous revendiquons le progrès social pour qu’au-delà de 2017, notre génération vive mieux que la précédente.
4es Assises de la Santé des Jeunes – Nantes – 30 et 31 mai 2013