Ressources Solidaires : Le mois se termine. Les associations sont très présentes parmi les organisateurs d’événements du mois. Comment perçoivent-elles, selon vous, ce mouvement large de l’ESS aux côtés des mutuelles et des coopératives ?
Nadia Bellaoui : Le dialogue entre le monde associatif, celui des coopératives et des mutuelles existe depuis longtemps. Nous avons des valeurs partagées, tel que l’objectif d’utilité sociale, et la gouvernance démocratique. En se retrouvant au sein de l’ESS, ces familles veulent faire entendre une voix plus forte pour une économie qui mette le citoyen au cœur de son projet et de son fonctionnement. Cela n’empêche pas par ailleurs chacune de ces familles d’avoir sa propre identité et ses spécificités.
Ressources Solidaires : Le mouvement associatif a bataillé ferme sur le budget des DLA et a obtenu des gages d’évolution. N’est ce pas paradoxal de devoir batailler sur des outils permettant d’améliorer le fonctionnement des associations (et donc de les faire progresser) dans une contexte de soutien exprimé à l’ESS ?
Nadia Bellaoui : A l’heure où les finances publiques sont sous contrainte, il n’est pas étonnant de devoir se mobiliser pour le maintien des crédits et qu’il nous soit demandé de faire la preuve de l’utilité des dispositifs financés. Il se trouve que dans le cas du DLA, les éléments sont là pour prouver que c’est un dispositif efficace et utile pour l’emploi associatif qui, il faut le rappeler, représente 10% de l’emploi dans le secteur privé. Les parlementaires l’ont heureusement entendu. Il est évidemment important que les pouvoirs publics aient conscience que le développement de l’ESS passe par des politiques pérennes de soutien sur le moyen terme.
Ressources Solidaires : Il y a un an et demi, la loi sur l’ESS était votée. Les décrets sortent petit à petit depuis. On a l’impression que le milieu associatif a été un peu en retrait dans les avancées de la loi. Les titres associatifs et la définition de la subvention étaient ils les urgences ? Ressenti ou réalité ?
Nadia Bellaoui : La définition légale de la subvention qui a été posée dans la loi ESS était une demande forte du monde associatif et une nécessité dans un contexte d’explosion de la commande publique, au détriment de la subvention. C’est un élément juridique fort sur lequel s’appuyer pour rappeler, notamment aux collectivités, que la subvention n’est en rien contraire au droit européen sur les aides d’Etat, mais est au contraire l’outil le plus approprié pour soutenir l’initiative associative au service de l’action publique. En ce qui concerne les titres associatifs, il y avait moins d’urgence et cela concerne une partie beaucoup plus restreinte du monde associatif mais les adaptations prévues par la loi peuvent permettre un accès facilité à ce type de financement pour certaines associations, ce qui ne peut être que positif dans le contexte actuel.
Ressources Solidaires : Le Mouvement Associatif fédère une grande partie du secteur associatif via les unions et fédérations. Sa diversité en fait pourtant un objet compliqué à fédérer. N’y aurait il pas nécessité à intégrer les non fédérés ? Si oui, par quel moyen et avec quel argumentaire ?
Nadia Bellaoui : Le Mouvement associatif s’est en effet construit en tant que représentation du monde associatif " structuré", autour de grandes coordinations associatives. Cependant, le travail que nous faisons, nous le faisons pour l’ensemble du monde associatif, et non au bénéfice de nos seuls membres. Ainsi lorsque nous œuvrons pour revaloriser la subvention ou négocions la Charte des engagements réciproques avec l’Etat et les représentants des associations de collectivités. De même, la plupart des outils que nous produisons sont en accès libre, au bénéfice de tous. Nous sommes convaincus de l’importance de la structuration associative parce que nous pensons que c’est le moyen pour les associations d’être plus fortes mais avons aussi l’ambition que toutes les associations puissent se reconnaître dans notre action et en bénéficier, directement ou indirectement.