L’espèce humaine est sans doute la plus coopérative de toutes. Mais diriez-vous d’un esclave qu’il coopère avec son maître ? Sans doute pas. Il travaille pour lui dans les strictes limites de ses obligations.
Coopérer, ce n’est pas seulement se soumettre aux ordres, échanger des services ou partager des tâches : c’est le faire librement et avoir un but commun. « Coopérer, souligne Benoît Dubreuil, suppose que l’on aurait aussi de bonnes raisons de ne pas le faire. » C’est sans doute pourquoi il n’est pas si facile d’y arriver. La poursuite des intérêts légitimes de chacun est aussi la plus ordinaire des libertés. Dans le couple comme entre internautes, à l’école comme au travail, entre personnes comme entre pays, instaurer la coopération est un problème. Y parvient-on mieux avec l’aide d’un idéal commun, d’un bénéfice collectif ou d’un surcroît de règles ?