Les alternatives concrètes, laboratoire de l’écosocialiste
Marx nous a enseigné que l’aliénation économique est la source de toutes les aliénations religieuse, politique, sociale) ; que le système économique (le mode de production et les rapports sociaux qui en découlent) est la base réelle sur laquelle s’élèvent la superstructure juridique et politique, la vie sociale et intellectuelle.
Attendre de la prise du pouvoir politique une solution à l’exploitation du travail nous semble dès lors similaire au fait de renvoyer la résolution des conflits entre les sexes après la révolution.
Les socialistes utopiques et les libertaires ont mis l’accent sur la nécessaire radicalisation de la démocratie à tous les niveaux.
Les écologistes radicaux, à travers la plume d’André Gorz, ont insisté, un siècle plus tard, sur l’articulation entre sortie du capitalisme et sortie du productivisme, dans un contexte de finitude des ressources de la planète.
La Révolution citoyenne que nous appelons de nos vœux passe nécessairement par la démocratisation de l’économie et la planification écologique, outil essentiel de la prise en compte de la finalité de la production, pour en finir avec la politique de l’offre et revendiquer celle de la demande et de la satisfaction des besoins, dans une démarche d’intérêt général.
« Occuper, Résister, Produire »
De fait, partout où le capitalisme financier sacrifie les travailleur-se-s sur l’autel de la maximisation du taux de profit, des expériences concrètes de prise du pouvoir dans l’entreprise ont émergé. Ainsi, au début des années 2000, dans une Argentine ravagée par les politiques néolibérales (dérégulation, austérité et privatisation), des travailleur-se-s décident d’investir les usines et de faire repartir la production avec une devise : « Occuper, Résister, Produire ». Et lorsque les ouvrières de l’usine textile Brukman sont expulsées, ce sont les Mères de la place de Mai, des assemblées d’habitants, des étudiants, des piqueteros, qui accourent pour les aider
à récupérer les lieux. C’est avec le même mot d’ordre que les travailleurs de l’usine Vio.Me., à Thessalonique, en Grèce, ont repris la production en autogestion au début du mois de février dernier.